vendredi 26 avril 2024
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Julie Martin Trepou – Le Clos Ferrié

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Julie Martin Trepou a créé l’exploitation du Clos Ferrié à Montauban pour y produire du safran et du miel. Un retour aux source pour cette jeune agricultrice extrêmement motivée au parcours atypique.

Comment cultive t-on le safran ?

La culture du safran, c’est quelque chose qui consiste à planter des bulbes de Crocus sativus que je suis allée chercher dans le Quercy, à Cajarc plus précisément.
Je plante ces bulbes à partir de l’été. Je vais récolter la fleur et l’épice à partir du mois d’octobre/novembre. Nous récoltons la fleur tous les jours et récupérons sur cette fleur les trois pistils qui vont ensuite nous donner l’épice de safran.
Nous revendons aussi les bulbes, puisque je produis des bulbes de safran destinés aux installations d’autres safraniers ou safranières, mais également à tout particulier qui souhaiterait avoir son petit carré de safran chez soi. La fleur est assez magnifique, c’est toujours intéressant à avoir.
Et après, l’épice en elle-même sera vendue pure, un pistil brut que je vais proposer aux restaurateurs (et on a de très bons restaurateurs dans la région).
Ensuite, je vais également valoriser une partie de ma production à travers différents produits que je vais fabriquer, comme des confitures, des sirops, des gelées etc. qui vont me permettre de faire découvrir le safran dans des produits très accessibles à tout le monde. Mon objectif est là, c’est de rendre accessible le safran à tout le monde.

Quel type de miel produisez-vous ?

Sur l’exploitation du Clos Ferrié, j’ai une cinquantaine de ruches en production. Je produis essentiellement du miel toutes fleurs, récolté à différentes périodes de l’année. Au printemps, quand nous avons de la chance, après les floraisons de châtaigniers, ça arrive début juillet et en fin d’été, où nous allons récolter un miel toutes fleurs d’été.

Comment vous êtes-vous lancée dans ce projet ?

J’ai un parcours un peu atypique, j’ai fait cinq ans d’études agricoles et ensuite j’ai travaillé dans des stations de recherche agricole pendant 4 ans. C’est sur les conseils d’un de mes responsables que j’ai bifurqué, j’ai repris mes études dans le marketing et la communication. Ensuite, je suis partie pendant 14 ans dans la grande distribution en tant que responsable marketing et communication. C’est un milieu passionnant, extrêmement prenant, mais à un moment donné, je ne me retrouvais plus dans ce système-là. Il a fallu trouver autre chose dans laquelle je pourrais à nouveau m’épanouir, j’avais fait un peu le tour, la boucle était bouclée.
Ce projet de safranière me travaillait depuis un petit moment et un jour, j’ai franchi le cap et j’ai décidé de tout arrêter et de lancer ce projet-là. Après avoir mis deux ans pour monter le projet et l’aboutir, une fois que j’avais toutes les cartes en main on a pu le lancer avec le soutien de ma famille. Un projet comme celui là n’aurait pas pu se faire sans la famille. J’ai pu lancer enfin mon activité et la développer, chaque année on rajoute une pierre à l’édifice et ça se concrétise d’année en année.

Vous rencontrez des difficultés ?

Ce n’est pas forcément évident, d’autant plus quand on est hors cadre agricole comme moi. Je débarquais de mon parcours de grande distribution avec un projet un peu en marge de ce qui se fait classiquement, je ne reprenais pas une exploitation qui était déjà existante et je ne repartais pas sur un projet qui était déjà connu des structures actuelles.
Effectivement, il faut se battre, déjà pour amener un projet un peu atypique, et je trouve qu’il faut encore plus se battre quand on est une femme, parce qu’il faut doublement prouver que son projet est viable. C’est tous les jours, il faut gagner ses « galons de respect » petit à petit, aujourd’hui on me connaît, on sait que je suis quelqu’un qui travaille beaucoup, quelqu’un qui croit en son projet surtout et qui arrive à avoir des résultats.

Quelle est votre motivation ?

C’est cette foi en ce projet qui fait que tous les matins, je me lève et que je me dis qu’aujourd’hui je vais repartir au travail et on va faire en sorte que ça réussisse.
C’est aussi une réussite personnelle que je veux mener à bout, il faut avoir un peu de tempérament derrière surtout, mais c’est ça mon énergie. C’est de pouvoir travailler dans un cadre extraordinaire qui est la nature, moi j’ai un bureau qui est fantastique.

Des conseils pour celles qui voudraient se lancer ?

Il ne faut pas hésiter ni baisser les bras…

Julie Martin Trepou

Si on croit en soi, on a franchi déjà une grosse étape, je dirais que ce qui gêne le plus derrière ce sont des contraintes administratives. Mais à partir du moment où on est sûr de soi, on va arriver à faire quelque chose, il ne faut pas lâcher ses rêves. Il ne faut pas hésiter à franchir le cap, je l’ai fait, j’ai changé deux fois de direction, c’est-à-dire que j’avais déjà ce recul-là de savoir que c’était possible. Il suffisait de franchir le pas, mais une fois le pas franchi, c’est sympa même si ce n’est pas facile tous les jours. On a des contraintes de chef d’entreprise, des fois on pleure, d’autres fois on rit, mais le défi vaut le coup. Il ne faut pas hésiter ni baisser les bras, et il ne faut pas se laisser impressionner par un environnement qui pourrait paraître hostile, et continuer en amont. Il ne faut rien lâcher et croire en soi, en son projet, c’est bien.

Photo de couverture Julie Martin Trepou copyright Grizette.

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