samedi 27 juillet 2024

Katia Vidic – Nelis

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Figure « historique » de la FrenchTech à Montpellier, Katia Vidic revient sur son parcours et la place des femmes dans le numérique. Pour cette passionnée d’innovation et d’intelligence relationnelle, la réussite d’un projet passe avant tout par la qualité de la relation que l’on va nourrir avec son réseau.

Pouvez-vous nous présenter votre activité ?

Nelis c’est un logiciel CRM (Customer Relationship Management ou gestion de la relation client) est spécialisé dans la gestion des contacts en entreprise et on a un autre logiciel, une brique supplémentaire, pour la gestion événementielle.

Quel est votre parcours ?

J’ai commencé par des études en droit. Je me suis spécialisée en création immatérielle et je me suis passionnée pour l’innovation. J’ai commencé avec un stage auprès d’Aquafadas, qui est un éditeur de logiciel dans la vidéo et puis après j’ai rencontré Philippe Rossi et là j’ai rejoint l’aventure Nelis au capital.

Qu’elle est l’histoire de Nelis ?

À l’origine Nelis était un éditeur spécialisé dans le support en ligne et le SAV et puis, à force d’intégrer des données clients, on s’est rendu compte que ce qui était important c’était vraiment de partager une gestion et un référentiel des contacts commun. De fil en aiguille on a fait ce qu’on appelle un switch, un pivot, et on s’est spécialisés dans l’intelligence relationnelle avec des problématiques comme : Qui je dois contacter ? À quel moment ? Pourquoi ? Comment je peux réussir à atteindre mes objectifs ? Et c’est vraiment par le fait d’entretenir son réseau relationnel qu’aujourd’hui les entreprises peuvent réussir toute leur stratégie.

Quel est votre rôle dans l’entreprise ?

Au début, j’étais juriste d’entreprise. Puis, au fur et à mesure, j’ai eu besoin de m’étendre en termes de compétences. J’ai basculé plus sur la partie administrative et la partie financière, puis sur la partie stratégique et ces trois dernières années je me suis développée sur le marketing, la communication, et maintenant le développement de l’entreprise.
C’est une carrière qui ne fait qu’évoluer et c’est ça qui est intéressant, c’est de pouvoir, au sein d’une même entreprise, continuer à déployer ses ailes et apprendre de nouvelles compétences.

Vous avez participé à l’émergence de la FrenchTech à Montpellier ?

La FrenchTech ça a été et c’est une aventure collective incroyable et inspirante. Et ce que j’en retiens c’est qu’un territoire est rempli de talents et très souvent les gens ne se connaissent pas, ils veulent travailler ensemble mais ils ne savent pas forcément comment faire. Et ça a été une opportunité – ça continue de l’être – une opportunité vraiment d’être un hub, un connecteur, et on a vécu des événements incroyables où d’un coup il y avait 3000 personnes qui étaient présentes. Enfin, on a partagé une aventure collective avec beaucoup de personnes et c’est ça que je retiens. C’est la beauté du collectif, ce qu’on arrive à faire et comment on arrive à dépasser les limites. Au départ Montpellier n’était pas du tout censée avoir le label FrenchTech et Axelle Lemaire à ce moment-là ministre en charge du numérique et ses équipes ont vu l’énergie qu’il y avait sur le territoire, les talents, les success stories et ils ont eu cette intelligence de faire un pas de côté et d’ouvrir un peu l’espace pour qu’on puisse rentrer avec notre aventure collective et ils ont compris ce qu’on cherchait à incarner et ce que ça représentait pour le territoire. Et encore aujourd’hui, on le voit avec toutes les success stories qu’on peut avoir. C’est stimulant de voir que sur la métropole de Montpellier et sur tout le territoire d’Occitanie, il y a vraiment une bonne ambiance et que les gens ont envie de travailler ensemble.

C’est vous qui allez marquer et on marque parce qu’on a une personnalité

Katia Vidic
Des conseils pour lancer un projet ?

Déjà de savoir qu’on va faire un pivot et anticiper. Être ouvert aux avis qu’on peut prendre parce qu’il faut accepter les retours et de se dire : « Voilà, on est en train de me dire ça. Ça fait plusieurs fois. » Pas forcément avec les mêmes mots, mais de voir ce qui est commun et du coup de se rendre compte qu’il faut peut-être changer de direction et faire un pivot.

Après, pour moi c’est l’intelligence relationnelle. C’est-à-dire, quel est mon réseau ? Même si je n’ai pas de réseau, c’est d’aller dans les événements et c’est de rencontrer un maximum de personnes, de s’ouvrir. C’est-à-dire, ne pas juste considérer que je suis là, je fais du LinkedIn, je prospecte et j’envoie des emails automatisés…etc. Non, c’est plutôt de développer une approche très personnelle parce qu’au fond du fond, qu’est-ce qui reste ? C’est vous qui allez marquer et on marque parce qu’on a une personnalité, parce qu’on accroche avec une personne, on a des synergies, on a des centres d’intérêt communs et c’est plutôt marquer des points par l’évolution ou la proximité que je vais développer avec une personne.

Où sont les femmes de la tech ?

Il y a vraiment de la place et il y a des talents féminins qui ne s’expriment pas suffisamment, qu’on n’entend pas assez et j’espère qu’en entendant quelques mots, comme ceux que je peux porter et ceux que les autres portent, des femmes oseront venir franchir le cap. Enfin, je suis très ouverte si jamais il y a des personnes qui souhaitent avoir des conseils ou des retours – avec plaisir – pour créer plus de mentoring. Je pense que c’est important, il n’y a pas assez de culture de l’exemple.

L’objectif de l’association Femmes@Numérique c’est justement de constituer un référentiel d’expertes dans le domaine du numérique et de donner une image où les femmes sont également des expertes et dans le numérique ça existe. Donc cette association a été créée avec l’association du Cigref, qui est le club des DSI ( Direction des systèmes d’information) du CAC 40 et ils se sont rendu compte qu’il y avait un vrai sujet et notamment il y avait très peu de DSI femmes. C’est pour cela qu’ils ont créé une association dont l’objectif est de favoriser et faciliter l’accès à des expertes dans le domaine du numérique et de donner un peu plus d’inspiration, d’exemples, qui ouvrent des pistes pour des jeunes femmes qui sont en train de s’orienter et qui chercheraient des domaines dans lesquels elles peuvent aussi s’impliquer.

Photo de couverture Katia Vidic ©Grizette.

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