Renée Gonthier Agaya n’est pas une Aveyronnaise ordinaire, elle maîtrise parfaitement le seul instrument que nous avons tous en commun : la voix. Mais au lieu de garder pour elle ce talent, avec Groov’voice elle accompagne celles et ceux qui ont choisi de maîtriser cet outil à la fois simple et magique.
Pouvez-vous nous présenter votre activité ?
Je suis coach vocal, ça consiste à accompagner des personnes qui ont envie d’explorer leur voix, que ce soit pour le chant ou pour la prise de parole. Souvent, je reçois des personnes qui ont quelques soucis en terme d’oreille ou qui n’aiment pas le son de leur voix. Je les aide à aimer ce qu’elles entendent et à acquérir de la liberté dans la prise de parole, ou dans le chant, avec des techniques vocales ainsi que beaucoup de motivation. Apprendre à aimer sa voix, c’est aussi un peu apprendre à s’aimer soi-même.
Comment vous êtes-vous formée ?
À l’époque, je n’avais pas vraiment les moyens de repartir au Conservatoire et d’apprendre de façon académique, ce qui en plus ne me correspond pas du tout. J’avais vraiment besoin d’être au contact de personnes qui vivaient, qui respiraient la musique, qui étaient passionnées au moins autant que je l’étais. J’ai eu la chance de trouver cinq musiciens avec lesquels on a monté un premier groupe puis un deuxième. Et par la suite, j’ai moi-même choisi un coach vocal pour approfondir la technique et c’est comme ça que ça m’a donné une confiance en moi et une assurance qui me manquait un peu, je crois. Et surtout une bonne compréhension du fonctionnement de la voix.
Comment a commencé cette aventure ?
Devenir coach vocal, c’est quelque chose qui est venu assez naturellement parce qu’on me demandait très souvent si je donnais des cours et je disais non parce que je ne me sentais absolument pas légitime à l’époque pour le faire. Et petit à petit, c’est arrivé un peu comme une évidence je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». Je n’ai pas besoin d’avoir un diplôme, je n’ai pas besoin d’avoir une qualification, je pense qu’avec ma propre expérience et la découverte de ma voix, que je découvre encore tous les jours, je crois que je peux aider aussi les autres avec tout ça aujourd’hui.
C’est important de maîtriser sa voix ?
C’est important de l’aimer et d’être conscient que la voix ne triche pas. On peut dire tout ce qu’on veut mais l’intonation et la posture que l’on va prendre quand on parle, sont beaucoup plus évocatrices et beaucoup plus chargées en terme de messages que le contenu en lui-même. C’est d’ailleurs ce qu’on dit en terme de communication, c’est surtout la façon de dire les choses qui compte et les grands orateurs ne s’y trompent pas, ils travaillent énormément sur la posture parce que c’est le corps tout entier qui est engagé. C’est important et c’est très libérateur.
Vous avez rencontré des difficultés ?
Les seules difficultés que j’ai rencontrées, c’était pour trouver un lieu qui puisse accueillir un public parce qu’il était pour moi hors de question de travailler à la maison, ayant déjà eu cette expérience pas très concluante. J’avais vraiment besoin d’un lieu, j’ai eu la chance d’en trouver un au cœur de Rodez. C’était vraiment le gros frein que j’avais au tout départ, mais je suis plutôt du genre à considérer les freins comme des opportunités.
Quand j’ai créé ma première activité en tant que consultante en communication, j’avais beaucoup plus de freins, je me suis vu fermer des portes. On m’a dit que parce que j’étais une femme noire, je ne réussirais pas. Depuis ce jour-là, j’ai décidé que, quoi qu’il arrive, je réussirai parce que je suis une femme et que suis une femme noire en Aveyron. J’ai beaucoup de mal à me laisser déstabiliser par des choses qui peuvent apparaître comme des freins au départ. Pour moi c’est juste l’opportunité d’apprendre à faire les choses autrement.
Vous êtes une militante ?
J’ai créé une association, il y a quelques années de ça qui rassemblait des femmes entrepreneures. Des femmes qui comme moi étaient arrivées sur un territoire dans lequel elles n’avaient aucune attache et qui ont dû se construire un peu toutes seules, se créer un réseau. Culturellement je crois à la force du groupe, c’est quelque chose de naturel chez moi. On ne fonctionne pas seul, il y a toujours quelqu’un, un groupe pour soutenir et j’ai trouvé intéressant en tout cas de rassembler d’autres femmes pour avancer, partager nos conseils et astuces pour gérer la vie de femme et la vie d’entrepreneure.
Des conseils pour celles qui voudraient se lancer ?
La première chose c’est de croire en son projet et de croire en soi. Ce n’est pas le boulot de votre mari, de votre compagnon, votre compagne ou de vos enfants de croire en vous, vous êtes seule responsable de ça. Vous êtes votre premier fan, votre première supportrice c’est vous donc croyez vraiment en vous quoi qu’il arrive.
La deuxième chose, un peu dans le même sens c’est de ne pas se décourager face aux obstacles, c’est vraiment des opportunités d’apprendre à faire les choses autrement. S’il y a une porte qui se ferme, il y en aura une autre qui s’ouvrira. Il faut saisir les opportunités même si on a l’impression de ne pas être prêt, même si on a l’impression qu’on n’a pas ce qu’il faut, qu’on n’est pas à sa place… Saisissez l’opportunité. Dites oui à l’opportunité quand elle arrive et vous verrez que vous trouverez le moyen et les ressources, faites confiance à votre intelligence, à votre sensibilité pour aller trouver ces ressources et pour mener à bien ce que l’opportunité vous apportera.
Photo de couverture Renée Gonthier Agaya copyright Grizette.