vendredi 29 mars 2024
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[ Figueras ] Un weekend insolite chez Salvador Dalí

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Pour profiter de l’arrière-saison, si on optait pour une jolie virée vers Figueras ? Dans l’intimité de Dalí et de ses frasques surréalistes… Grizette est partie en Espagne, à la rencontre de cette ville conviviale à moins de trois heures de Toulouse et Montpellier.

Figueres ou Figueras ? Déjà, les interrogations commencent. C’est dire si l’on connaît mal cette ville et son histoire. Petit récap’ de rigueur avant de partir : « Figueras » est le nom de la ville en espagnol castillan (la langue officielle du pays), tandis que « Figueres » est le nom en catalan, la langue régionale. Dans tous les cas, cela veut dire figuier, et c’est plutôt sympa comme nom !

Douceur en Catalogne

À quelques encablures de la frontière avec la France, à une cinquantaine de kilomètres de Perpignan, Figueras fait encore résonner l’âme de Salvador Dalí, qui ne quittera décidément jamais les lieux. C’est ainsi dans les rues parsemées d’anachronismes en son honneur, dans les couleurs des façades et même dans les regards de ses habitants que le surréalisme de l’artiste prend tout son sens. Mais plus que ce peintre incontournable du XXe siècle, à Figueras c’est toute la région de l’Alt Empordà (Catalogne du Nord) et de l’Espagne qui se dévoile dans ses traditions, juste après s’être glissé de l’autre côté de la frontière invisible.

Pourtant, aux premiers abords, on a du mal à se sentir dépaysé·e tant les embruns, la campagne, et même le chant des cigales sont les mêmes que de notre côté des Pyrénées. C’est seulement après quelques mètres parcourus, que la prise de conscience se fait sans crier gare, quand la langue catalane explose dans nos oreilles pour mieux nous dire : « t’as fais espagnol au lycée, mais tu n’y comprendras rien ! ». Parce qu’ici, c’est bien en Catalogne et tout près de la Costa Brava, célèbre pour son tourisme, ses commerces et sa situation géographique idéale, que l’on se trouve.

L’histoire d’une résurrection

Historiquement, on retrouve des traces de Figueras en 218 avant Jésus-Christ. Une époque où les Romains ont peuplé et développé la région ainsi que le petit village, conscients de l’opportunité commerciale de la ville, située idéalement entre Perpignan (appelée alors Ruscino) et Gérone (Gerunda). Ensuite, après avoir été envahie un temps par les Barbares et les Arabes, Figueras n’a cessé d’être touchée au fil des siècles par les divers conflits historiques mêlant la France à l’Espagne, avant d’être frappée de plein fouet par la guerre civile et ses bombardements, sous Franco.

Ce n’est que dans les années 1960, après une longue période de pauvreté due à la dictature Franquiste, que la ville s’est progressivement ouverte au tourisme pour devenir cette cité cosmopolite et accueillante des portes de la Catalogne qu’elle est aujourd’hui. Poussée par l’influence de Dalí qui a beaucoup donné au patrimoine culturel de Figueras, la ville a ainsi développé un sens du commerce et de l’accueil inégalable. À seulement 40 kilomètre de la frontière avec la France et 15 km des premières plages de Cadaquès et de Rosas, la cité sait aujourd’hui qu’elle jouit d’une visite constante de touristes en quête de culture, shopping et gastronomie.

Figueras ou l’épicurisme à la catalane

Pour profiter de Figueras rien n’est plus simple : il suffit d’aller se promener dans le premier centre-ville entièrement piéton de la région, que les locaux appellent « El Rovel de l’ou » (le jaune de l’œuf). Vous découvrez un ensemble de boutiques d’alimentation, de décoration, de textile, et de grandes enseignes espagnoles comme la fameuse Zara, où les prix sont beaucoup moins chers que chez nous. De quoi se promener en faisant du shopping, tant que les ramblas ombragées de platanes et les ruelles typiques de pavés le permettent.

Et comme il fait bon vivre dans cette petite ville entre terre et mer – à une quinzaine de kilomètres de la Méditerranée et entourée de trois parcs naturels – les cafés et autres joyeux bistrots tendent les bras à leurs visiteurs, le temps d’une boisson ou d’un bon repas. Ne lésinez donc pas sur les tapas de « pa amb tomàquet » (tranche de pain sur laquelle on frotte de l’ail et de la tomate, le tout arrosé d’huile d’olive), de croquetas et autres plats traditionnels catalans.

Authentique tradition de l’Alt Empordà dont elle est la capitale, Figueras prend ses influences gastronomiques dans les plats de viande en sauce des grand-mères du coin et ceux de poissons de la Costa Brava. Célèbre pour ses oignons légèrement rosés, son huile d’olive vierge extra à l’appellation protégée, la cuisine locale est issue de la mer, des montagnes et du potager.

Si vous avez la chance d’être à Figueras de mi-juin à mi-juillet, n’hésitez pas à découvrir les « Dégustations culinaires surréalistes ». Un itinéraire gastronomique à travers une vingtaine de restaurants qui propose depuis des années, à la même période, des menus inspirés de l’art de Salvador Dalí. Parmi les établissements participants à ces menus surprenants, l’hôtel restaurant Duran où le Maître avait ses habitudes. Véritable institution de Figueras, le restaurant propose ainsi de visiter et de manger dans la salle préférée de Dalí, qui semble figée dans le temps.

N’hésitez pas à vous rendre sur la place del Gra qui accueille tous les mardis, jeudis et samedis, l’un des marchés les plus dynamiques de Figueras. C’est un lieu inévitable pour tous celles et ceux qui souhaitent dénicher des produits frais à ramener à la maison. Et comme il n’y a pas de bons plats sans bons vins, allez découvrir les appellations de l’Empordà aux saveurs taniques comme celle de La Vinyeta, située à une vingtaine de kilomètres de la frontière. Mieux, laissez-vous séduire par les vins doux comme le Grenache et le Moscatell. Sachez d’ailleurs que la Foire aux vins de l’Empordà, a lieu en général en septembre à Figueras.

Vin Heus Blanc – La Vinyeta ©Grizette

Dans l’œil de Salvador Dalí

À Figueras, l’architecture est multiple : on retrouve des inspirations art nouveau, baroque, et même influencées par le modernisme. Jusqu’à ce que l’empreinte de Salvador Dalí (1904-1989), l’enfant le plus connu de la ville, vienne tout d’un coup rappeler que l’on est bien sur ses terres où il repose toujours.

Derrière une place ombragée et tout près de l’église Saint-Pierre, trône un ovni anachronique dans l’architecture paisible de la ville catalane. Le monument rouge sang et or, orné de petites sculptures en forme de pains catalans traditionnels et d’énormes œufs, a de quoi surprendre.

Construit sur les vestiges de l’ancien théâtre de la ville détruit pendant la guerre, ce « grand objet surréaliste » que Dalí a mit 10 ans à créer avec sa muse Gala, est devenu théâtre-musée en l’honneur de l’artiste en 1974. Ne cherchez donc pas d’ordre pour visiter les lieux et laissez-vous porter par les diverses salles aux univers et ambiances multiples, comme autant de facettes de l’artiste. Tantôt intimiste, extravagant, minutieux, obsessionnel, curieux, inquiétant, et même sensationnel, le surréalisme de Salvador Dalí évoque, de fait, toujours une réaction.

Pour aller au-delà du monde psychédélique du peintre, sculpteur, dessinateur et écrivain, une autre partie du musée est réservée à ses créations en joaillerie (Musée Dalí Bijoux). Ouvrez donc grand les yeux et laissez-vous émerveiller par les bijoux et sculptures entièrement faits d’or et de pierres précieuses, parfois articulés et automatisés.

Figueras, en dehors des sentiers surréalistes

Une fois la visite terminée, n’hésitez pas à faire un détour vers le Museu del Joguet, le musée du jouet de Catalogne, qui renferme plus de 7000 pièces, dont certains jouets de Dalí et d’autres personnages historiques de la région, comme des résistants sous Franco.

Si vous avez encore le temps et que la culture catalane vous passionne, hâtez-vous aussi vers le Musée de l’Empordà tout proche. Vous y découvrirez les œuvres majeures d’artistes régionaux importants du XIXe et XXe siècles.

Les peintures et antiquités issues de fouilles archéologiques ne sont pas votre “dada” ? Plongez alors dans l’histoire et l’évolution des machines technologiques du siècle dernier au Museu de la Tècnica de l’Empordà. En plus, l’institution est juste à côté des anciens abattoirs de la ville, au style très moderniste. Et pour les féru·e·s de grands espaces, grimpez sur la colline près du Musée de Dalí pour découvrir le Castell de Sant Ferran. Cette « plus grande forteresse d’Europe » offre un magnifique panorama sur la ville et ses alentours.

Après un weekend de visites touristiques, vous découvrirez sûrement que le plus grand atout de Figueres est de vous avoir donné l’impression d’être un étranger à la maison. Le genre à se nourrir des rumeurs des ramblas entre tapas et vin, sous l’œil espiègle de Dalí.

¡Viva Catalunya!

Y aller

Au départ de Montpellier : Prenez la ligne TGV Renfe en coopération avec la SNCF qui relie Marseille à Barcelone en un temps record. Comptez 2h30 de voyage depuis Montpellier pour arriver à bon port. (55 euros)

Au départ de Toulouse : Prenez le train Intercité à destination de Figueres-Vilafant. Il faut compter 2h15 si votre trajet est sans correspondance et 3h avec un changement à Narbonne. (60 euros)

Se déplacer

Figueras se visite à pied, mais le transport vers la gare TGV Figueres-Vilafant et les points les plus excentrés se font en bus urbain. D’autres bus permettent aussi de joindre Gerone, la Jonquera ou encore Rosas et Cadaquès. Des bus gratuits ont même fait la jonction avec Saint-Cyprien, Canet-en-Roussillon et Perpignan pendant l’été.

Où dormir ?

Outre son lot d’hôtels de charme ou issus de grandes chaînes, Figueras propose aussi des appart’ hôtels. Une alternative pratique quand on veut profiter de sa grasse matinée et éviter de manger tous les jours au restaurant. Pour les amoureuses·eux de Dalí, on vous conseille de dormir dans son hôtel préféré : l’hôtel restaurant Duran.

Où acheter des produits locaux ?

Dans tous les marchés, en particulier les marchés aux légumes de la Plaça del Gras et de Plaça Catalunya : les mardis, jeudis et samedis. Le marché aux puces sur les Ramblas tous les troisièmes samedis du mois et les marchés aux vêtements tous les jeudis au Passeig Nou, Ronda Parc i Riera Galligants.

Où dîner ?

Les restaurants les plus sympas se trouvent généralement autour des places importantes de la ville. Optez pour le restaurant El Pelegrí (Avenida Salvador Dalí, 68) si vous aimez la cuisine traditionnelle ou le restaurant Can Punyetes (Avenida Salvador Dalí, 92) pour déguster de succulentes tapas. Ou laissez-vous guider par votre flair…

Où sortir le soir ?

Pour boire un verre : le Granada Vins (Carrer Muralla, 1) le El Pati (Muralla, 7) ou Txot’s (Avenida Salvador Dalí, 114). Et pour les fans de bières König (Sarrià de Ter, 22).

Pour sortir danser et déguster un bon cocktailMaverick (Carrer Mestre Manuel de Falla, 4).

Budget

Comptez environ 300 euros hors transports et hôtel.

POUR EN SAVOIR PLUS

Site internet de l’Office de Tourisme de Figueras
Page Facebook
Site internet de la Ville

Photo de couverture copyright Laurent Lecler pour Grizette.

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