dimanche 28 avril 2024
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Morgane Comte – Art Tea Shop

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Morgane Comte est la fondatrice et co-gérante de Art Tea shop un lieu de vie et d’échange à Toulouse qu’elle qualifie de « concept de valorisation locale ». Elle y fait la promotion d’artistes et propose une cuisine gourmande de proximité.

Quel est votre parcours ?

J’ai un parcours pluridisciplinaire, comme beaucoup de jeunes de notre époque. Je suis née à Madagascar, j’ai été adoptée, ensuite j’ai fait un bac littéraire et j’ai passé une première année de fac d’Art Plastique à Bordeaux. Après j’ai passé une mise à niveau en hôtellerie-restauration où je suis passée par tous les secteurs d’activité : les étages, la cuisine, la réception, le service.
J’ai fait sept ans d’hôtellerie-restauration dans des hôtels et restaurants haut de gamme dans toute la France. J’ai déménagé douze fois et je suis ensuite partie à l’étranger dans mon pays natal pour travailler avec des jeunes en difficulté sociale. En revenant, j’ai décidé de créer un projet sur-mesure.

Pourquoi avoir monté ce lieu ?

Comme beaucoup d’entrepreneurs, j’avais envie de faire un projet moi-même, il faut savoir que je suis intéressée par beaucoup de choses. J’aime l’art, j’aime réutiliser des choses donc chiner, j’aime aussi tout ce qui est commercial, communiquer avec les gens, le relationnel. J’avais aussi envie de mettre en avant mes expériences dans la restauration, donc j’ai voulu créer un concept qui allie toutes mes expériences d’avant.

Comment avez-vous lancé le projet ?

J’ai quitté mes jobs en CDI pour me mettre en intérim et pouvoir choisir mon planning. J’ai monté mon projet en même temps que j’étais salariée, je me suis lancée toute seule au début.
Je me suis renseignée, j’ai fait beaucoup de réseautage, j’ai rencontré du monde et après c’est venu tout seul.
Je suis assez autodidacte, je n’ai pas été accompagnée par un organisme mais j’ai des mentors, des coachs. Ça a été le parcours du combattant, comme pour beaucoup d’entrepreneurs, j’ai cherché mon local pendant plus d’un an et après 63 visites, je suis enfin au 37 rue des Lois.
Ensuite, j’ai rencontré mon associé Clément, et on a décidé de monter le concept ensemble.

Faites-vous partie d’un réseau ?

J’ai vraiment monté mon réseau toute seule, pour moi le réseau c’est le fait d’aller vers d’autres entrepreneurs, de sortir dans des endroits où on propose des soirées business, des soirées rencontres.
Le réseau que j’ai actuellement, je l’ai construit sur plusieurs années en allant à la rencontre des autres. Par exemple aujourd’hui, je suis accompagnée par l’ARCEC qui est une association d’anciens chefs d’entreprises retraités. Ils ont donc une expertise vraiment très pointue et assez ancrée dans la rentabilité.
Après j’ai eu un coach au lancement de l’Art Tea Shop, parce que je me suis lancée toute seule au début et j’y connaissais rien à la communication. Je n’avais même pas de site internet ou d’Instagram, donc je suis passée par un mentor qui m’a appris le storytelling, le personal branding et à vendre à travers mon parcours.

Des conseils pour celles qui voudraient se lancer ?

Ce ne sont pas les diplômes qui font les gens, mais leur capacité à être motivé et à travailler sur eux pour avancer.

Morgane Comte

Les conseils que je donne aux entrepreneur·es, c’est par rapport à soi : il faut être ouvert et curieux, et savoir se remettre en question en permanence.
L’entrepreneuriat est un chemin très difficile et il y a toujours des épreuves, dès qu’on termine quelque chose, il y en a une autre qui arrive. Il faut être capable de faire face.
C’est vraiment la curiosité, l’ouverture d’esprit, le fait de toujours apprendre, de toujours se nourrir et le fait aussi de se remettre en question et d’avoir une certaine forme d’humilité. Il ne faut pas toujours dire que c’est la faute des autres, c’est l’environnement, c’est la crise économique… Non, il faut travailler sur soi.
« Entrepreneur·e » égale « antenne », il faut vraiment être une antenne et être capable de prendre les signaux et de les utiliser. Je pense que c’est ça un entrepreneur, il est capable d’utiliser ce qu’il a et son environnement pour avancer.
J’ai peu de bagages scolaires, j’ai juste le bac et une année de fac, donc je n’ai même pas la licence, et j’ai passé une mise à niveau et un BEP restaurant. Et avec ce peu de niveau scolaire, j’ai réussi à créer à Toulouse un concept qui se démarque et qui a déjà une petite notoriété, une certaine crédibilité.
Ce que je veux dire, c’est que ce ne sont pas les diplômes qui font les gens, mais leur capacité à être motivé et à travailler sur eux pour avancer.

C’est important d’avoir ce rôle de médiatrice ?

Oui complètement. Pour moi la réussite, ce n’est pas de créer quelque chose et de rester indéfiniment dedans, mais de bâtir pour permettre aux autres de s’élever aussi.
Ça, je le propose à mon niveau et avec mes moyens sur la partie artistique. Prochainement, il va y avoir la partie entreprenariat le matin où je vais animer des cours pour permettre aux autres de se lancer aussi. Et puis je trouve qu’il y a aussi ce côté transmission dans le recrutement, par exemple là on accueille notre deuxième chargé de communication, et je suis vraiment dans un rôle plus pédagogue. Pareil pour le serveur qui a rejoint l’équipe, c’est aussi l’occasion pour lui éventuellement de s’élever et d’avoir un rôle plus responsabilisant à court terme.

Vous faites un magazine ?

On avait ouvert quatre mois, on a fermé pendant un an. J’ai trouvé que c’était l’occasion de se réinventer, donc j’ai déjà proposé des produits dérivés de la marque, et j’ai sorti ce magazine. J’en avais déjà sorti un en version numérique, là j’avais envie une bonne fois pour toutes de me lancer en version papier. Je trouvais que c’était l’occasion de montrer qu’un commerce a aussi un rôle social à tenir sur son territoire, et que ce n’est pas juste un magasin qui ouvre et qui ferme aux horaires Google.
C’est un lieu qui permet aux gens d’échanger, de partager, de s’inspirer. Le rôle du commerçant va bien au-delà de vendre des produits.

Photo de couverture Morgane Comte copyright Grizette.

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