Manon Le Padellec et Céline Taillard on vécu à elles deux une quinzaine de déménagements et eu une idée pour faire le vide dans un appartement ! Ensemble, elles ont créé « Izidore by Les Cartons » qui permet d’acheter et de mettre en vente ses meubles.
Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?
Manon : « Izidore » est un site qui facilite l’achat et la revente de meubles d’occasion, donc on réinvente un peu la logique de petites annonces, on l’a adaptée, on a créé un nouveau format qui permet d’aller se meubler chez des personnes qui font du vide et en fait, ce nouveau format repose sur une photo sur laquelle on voit plusieurs meubles qui sont à vendre. Ça permet de beaucoup mieux contextualiser les meubles et en fait de les revaloriser d’une certaine façon, pour faciliter l’achat de meubles d’occasion.
Comment avez-vous eu cette idée ?
Céline : Izidore, qui s’appelait historiquement Les Cartons, est né du fait que nous avons énormément déménagé toutes les deux et que nous avons connu plusieurs fois la problématique d’avoir à acheter et vendre notre mobilier à la place de le déplacer à chaque déménagement et donc nous, ça nous est arrivé une quinzaine de fois à nous deux quand on a créé le projet.
Pourquoi avez-vous changé de nom ?
Manon : À la base on était vraiment axé sur mettre en relation des gens qui déménageaient avec des gens qui emménageaient donc les cartons c’était le point central entre ces deux typologies de personnes. Sauf qu’on s’est rendu compte qu’en fait on pouvait acheter ou vendre des meubles d’occasion pour plein de raisons, on faisait du vide pour plein de raisons et on a voulu un peu s’extirper de cette notion de déménagement.
Il y avait beaucoup de gens qui n’utilisaient pas la plateforme parce qu’elles n’étaient pas en train de déménager. Donc Izidore est plus général et c’est la nouvelle façon d’acheter des meubles d’occasion chez des gens qui font du vide.
Comment passe-t-on d’une idée à une start-up ?
Céline : La première étape, c’est déjà de trouver les bonnes personnes avec qui travailler. Donc nous on se connaissait déjà depuis longtemps avec Manon mais quand elle a commencé à vouloir travailler sur ce projet-là, elle a cherché quelqu’un pour l’accompagner et on s’est retrouvées sur ce projet, on s’est tout de suite plu et comprises sur l’idée. Et puis ensuite les premières étapes, c’est de savoir par où on va partir et comment on va s’organiser et aussi bien sûr comment on va le financer.
Manon : Il y a une grosse phase de préparation avant le lancement et en fait, on s’en est rendu compte dès le tout premier jour même des Cartons à l’époque, être entourée c’est indispensable ! Mais que ce soit entourée de mentors ou d’autres start-up ou d’étudiants ou autres qui ont des idées nouvelles et ça, on y attache beaucoup d’importance. C’est peut-être propre aux start-up en effet toute la notion d’incubateur mais pour moi, elle est vraiment indispensable.
Il y a une ambiance fertile en Occitanie ?
Céline : On a participé à un concours organisé par la Région Occitanie qui s’appelait le concours « Coup de Pouce » et qui nous a vraiment permis aussi bien d’être accompagnées financièrement que humainement par des acteurs de l’écosystème de la région toulousaine. Ça a été vraiment la première étape et c’est là qu’on s’est rendu compte effectivement qu’il y avait beaucoup d’accompagnements, qu’il y avait beaucoup d’intentions je dirais même politique d’encourager les projets. Donc on a vraiment trouvé le terreau idéal pour lancer le projet.
Être une femme, ça a un impact ?
Manon : C’est clairement un sujet d’actualité qui est de plus en plus sous le feu des projecteurs. Nous globalement par rapport à ça, on se dit qu’en fait c’est très difficile de le mesurer, il y a beaucoup de critères qui rentrent en compte, il y a à la fois les porteuses de projets donc forcément le fait d’être deux femmes, mais il y a aussi l’équipe, l’avancée du projet et c’est difficile de savoir en fait ce qui joue positivement ou négativement, donc aujourd’hui…
Céline : Qu’est-ce qui aurait été différent si on avait été des hommes ? Ça on ne peut pas le savoir. C’est vraiment très difficile à mesurer après… nous on en a fait une force en tout cas.
Vous avez de bons retours ?
Manon : Quand on a beaucoup de retours positifs sur la plateforme, ce que les gens apprécient beaucoup c’est l’aspect innovant, parce que ça n’existe nulle part ailleurs et c’est pas un concept qui a été dupliqué de Outre-Atlantique. Donc voilà, les gens sont vraiment agréablement surpris parce que ça rencontre un vrai besoin. On travaille beaucoup sur le site et répondre au plus près à leurs attentes, c’est ce qu’on fait aujourd’hui avant de se lancer dans une phase de communication beaucoup plus massive.
Des conseils pour celles qui voudraient se lancer ?
Manon : Être entourées. C’est très difficile de monter un projet tout seul, il ne faut pas garder son idée pour soi, faut la partager, faut la confronter, il faut être prêt à essuyer des critiques et autres, c’est capital pour avancer, pas avoir peur du regard des autres. Et le deuxième ce serait l’audace, faut pas avoir peur en fait, faut y aller et au pire, y’a rien à perdre.
Céline : Ce qui est très important aussi, c’est essayer de trouver une équipe sur laquelle on va pouvoir se reposer. Nous on a eu la chance de se retrouver sur ce projet-là et vraiment d’avoir une vision qui a perduré dans le temps et d’avoir toujours la même vision, toujours dans le même sens. C’est vraiment en fin de compte clé parce que, que ce soit aussi bien pour ce qu’on fait du projet, pour le message qu’on envoie à ses partenaires commerciaux et financiers, donc d’être restées soudées, d’avoir une bonne vision des choses, c’est fondamental. On se retrouve parce que notre vision de ce qu’on voulait du projet était similaire et ça, c’était le point qui était le plus important dans un binôme à mon avis réussi, c’est d’être d’accord sur les valeurs vraiment professionnelles qu’on a, pas les valeurs personnelles, on peut les avoir toutes différentes et au contraire, je pense que ça enrichit les choses.
Comment cultiver sa créativité ?
Manon : Il faut être très curieux et il faut pas se l’imposer en fait, c’est censé être un peu intrinsèque à sa personnalité et voilà, toujours essayer de voir ce qui se passe à droite à gauche, se dire comment on peut améliorer, pourquoi… Et voilà je le vois un peu comme ça.
Céline : Moi j’ai appris aussi un truc sur la créativité c’est accepter je pense que la créativité, ça passe aussi par la copie, c’est pas un problème, on peut s’inspirer de tout le monde… C’est pas parce qu’on se dit : « Bah oui mais ça… – que ce soit dans un projet entrepreneurial ou dans un projet artistique, sportif ou quel que soit le projet, c’est pas parce qu’on dit oui mais là je ne suis pas vraiment créative parce que je suis en train de copier ça ». Oui mais je suis en train de copier 3% de ça, 5% de ça, puis en fait l’agrégat de tout ça fait qu’il y a une création originale. Donc moi, longtemps, j’ai eu l’impression que c’était pas à la hauteur parce que ce n’était pas une idée que j’avais pensée un matin en me réveillant… Alors qu’en fait c’est pas vrai. C’est-à-dire que c’est pas du tout un problème d’agréger des choses qui n’ont aucun rapport et en fait la créativité, elle vient du fait qu’on les a mis ensemble.