Manon Pagnucco et Anaïs Lacombe n’ont pas attendu la fin de leurs études pour créer PimpUp, sans doute trop conscientes de l’urgence à faire bouger les lignes et participer à une meilleure utilisation des ressources. Elles nous expliquent en détail comment et pourquoi elles veulent sauver 100 millions de kilos de nourriture du gaspillage en France et en Europe !
Pouvez-vous nous présenter votre activité ?
Manon Pagnucco : PimpUp, ce sont des paniers anti-gaspillage avec des fruits et légumes en circuit court pour lutter contre le mastodonte du gaspillage alimentaire, en particulier à la production. Chez les producteurs, il y a 5,3 milliards de kilos de nourriture gâchées avant même d’arriver en magasin, et ça, c’est chaque année en France.
Nous luttons contre ce gâchis en proposant toute cette nourriture très bonne, 100% consommable, à des particuliers. Nous les livrons, à Montpellier pour l’instant, dans des points relais ou à domicile. Pour notre projet PimpUp, nous avons des ambitions de développement au niveau national.
Comment est venue l’idée ?
Manon : A l’occasion d’un voyage et d’un stage que nous avons fait aux États-Unis toutes les deux, Anaïs était à Phoenix et moi à San Francisco, nous avons découvert un système équivalent, nous étions même clientes de ce système-là. Nous avions des ambitions d’entrepreneuriat et l’envie de se lancer, même en étant étudiantes, et on avait prévu de rentrer habiter ensemble à Montpellier.
Nous voulions avoir le même système de panier anti-gaspillage, de box livrée à domicile avec que des produits laissés de côté pour une raison ou une autre à la production.
Et nous nous sommes rendu compte après des recherches que non seulement ça n’existait pas à Montpellier et en France, mais qu’en plus, il y avait ce problème majeur du gaspillage chez les producteurs, pas que chez les distributeurs ou les commerçants. Donc nous avons eu envie de nous lancer par conviction personnelle et aussi par volonté d’entreprendre suite à une inspiration à l’étranger.
Comment vous êtes-vous rencontrées ?
Anaïs Lacombe : Nous nous sommes rencontrées en 2016, en première année d’école d’ingénieur à Sceaux au sud de Paris, Manon venait de Paris et moi entre Aix-en-Provence et Marseille.
Nous avons fait notre première année d’école d’ingénieur là-bas, nous y sommes restées trois ans mais nous nous sommes vraiment rapprochées quand nous sommes parties toutes les deux aux États-Unis en stage.
Manon : Notre école d’ingénieur, c’est l’EPF qui désigne anciennement École Polytechnique Féminine. Aujourd’hui, nous ne l’appelons plus vraiment comme ça, mais c’est la première école d’ingénieur de femmes en France jusque dans les années 90 où c’est devenu mixte. Maintenant, ça reste l’école généraliste d’ingénieurs où il y a le plus de femmes de toute la France.
Comment devient-on étudiant·e entrepreneur·e ?
Manon : On rejoint un réseau comme Pépite France, qui est un réseau national d’aide et d’accompagnement pour les étudiants. Il y a des pôles dans les différentes régions, en l’occurrence nous sommes rattachées au pôle Pépite Languedoc-Roussillon qu’on appelle Pépite LR.
Nous avons contacté les chargés d’accompagnement qui nous on fait remplir un petit dossier de présentation de notre projet, avec des questions classiques comme : quelle est l’idée du projet ? Et un peu de notion de business modèle aussi, quelques idées de financement, mais pas beaucoup plus loin que ça, pour voir si le projet tient la route.
Nous sommes assez bonnes élèves, on nous le dit souvent, donc on a bien fait ça !
Nous avons envoyé le dossier, qui a été validé et cela a créé un lien entre notre école, l’EPF et Pépite. Au lieu de faire un projet de semestre comme tous les autres étudiant·es de notre classe, nous avons comme projet de semestre PimpUp.
Anaïs : On a créé ce dossier au départ pour entrer dans Pépite, mais c’était surtout pour obtenir ce statut national d’étudiant-entrepreneur qui nous permet d’avoir cet accompagnement par Pépite, mais aussi d’avoir de la crédibilité auprès de notre école.
Moi, je conseille à tous les étudiants qui veulent se lancer de vraiment obtenir ce statut pour lequel il faut passer par Pépite, et une fois qu’on a ce SNEE – Statut National Étudiant Entrepreneur – ça nous ouvre pas mal de portes.
Des conseils pour lancer un projet ?
Manon : Il faut avoir en tête cette notion de tester ses idées, on a des hypothèses, des instincts, il y a des choses que l’on pense être vraies et assez vite, il faut arriver à mettre quelque chose en place pour tester cette idée et créer cette boucle de feedback aussi.
J’ai testé quelque chose, j’ai des résultats, j’essaie d’en tirer des conclusions objectives, peut-être avec un petit comité en faisant intervenir des personnes qui ne pensent pas comme moi, s’enrichir un peu d’autres points de vue que les siens.
Ne pas hésiter à en parler et à demander de l’aide auprès des gens qui sont déjà passés par là.
Anaïs Lacombe
Anaïs : Ne pas hésiter à en parler et à demander de l’aide auprès des gens qui sont déjà passés par là. Souvent, on a l’impression que les chefs d’entreprise ou les fondateurs de boites sont inaccessibles et qu’ils ne répondront jamais à nos messages, pour la plupart c’est faux. Il ne faut vraiment pas se mettre de barrières à ce niveau-là parce qu’on a tendance à vouloir se freiner, alors qu’on a plein de questions. C’est dommage parce qu’eux aussi ont envie d’aider ceux qui démarrent et ceux qui ont de bonnes idées.
Quel est votre objectif avec PimpUp ?
Anaïs : C’est de sauver 100 millions de kilos de nourriture du gaspillage en France et en Europe. Nous souhaitons valider le modèle à Montpellier pour l’instant, et une fois qu’il sera validé, on pourra le dupliquer dans d’autres villes.
Manon : Nous avons de bonnes raisons de penser qu’en 3-4 ans les 100 millions de kilos son faisables, après nous allons bien-sûr continuer, si on a eu un aussi bon impact, il n’y a pas de raisons que ça s’arrête là.
Photo de couverture Manon Pagnucco & Anaïs Lacombe de PimpUp copyright Grizette.