mardi 19 mars 2024
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Charlotte Mahr – myCharlotte

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Le parcours de Charlotte Mahr illustre parfaitement la résilience, un mot que l’on a parfois entendu à tort et à travers, mais qui, avec elle, prend toute sa signification. Elle nous raconte comment elle a cocréé myCharlotte, une app qui accompagne les personnes touchées par le cancer sur la voie de la guérison.

myCharlotte, qu’est-ce que c’est ?

myCharlotte est une application qui accompagne les personnes pour qu’elles apprennent à mieux vivre avec le cancer et les effets secondaires liés au traitement. Ça s’apprend. Il y a des effets secondaires que l’on va retrouver, il y a des phases par lesquelles on passe et donc l’idée est de pouvoir mettre à disposition de l’information sur ce qui va arriver. Il y a aussi des exercices pratiques. C’est des choses toutes simples comme de l’activité physique très adaptée qu’on va pouvoir faire chez soi : du yoga, du Pilates, etc.

On fait des enregistrements, on a mis tout ça dans une application, tout comme les exercices, pour essayer de mieux faire face à toutes les émotions que l’on rencontre. Il y a des exercices de respiration, de relaxation, de méditation, d’autohypnose dans l’application pour que le patient puisse y accéder quand c’est le bon moment pour lui et quand il en a besoin là où il est.

C’est proposé dans des associations ou même à l’hôpital, mais il y a plein de moments où on ne peut pas s’y rendre pour des questions géographiques, des raisons financières, ça peut être compliqué. L’idée est donc d’apporter cela au patient, chez lui.

Comment est né myCharlotte ?

C’est une histoire qui débute en 2008, une année merveilleuse parce que je viens de rencontrer mon amoureux Grégoire Nedelec. On est plein de projets, notamment un projet de partir à l’étranger et de travailler en Afrique, mais tout d’un coup, il y a une nouvelle très peu réjouissante qui intervient dans notre vie : j’ai un diagnostic d’un cancer du sein.

À l’époque j’ai 28 ans, je suis pleine d’énergie et j’ai envie de faire plein de choses, mais ce diagnostic totalement inattendu vient mettre un coup de frein à nos projets. Mais finalement, je l’aborde en me disant : « On va se renseigner, on va faire les traitements, on va faire ce qu’il faut et puis on fera ce qu’on avait prévu de faire par la suite ».

Les choses ne rentrent pas dans l’ordre comme je pensais et c’est au moment où on essaie d’avoir des enfants, entre temps on s’est mariés, au moment où je vais faire des contrôles parce que je ne tombe pas enceinte, c’est là qu’on me diagnostique une récidive et ça, c’est la double claque. Pourquoi ? Parce que je sais ce que ça veut dire et je connais les traitements et je n’ai aucune envie d’y retourner. C’est très compliqué comme moment et c’est là que je me rends compte que je n’ai peut-être pas appris grand chose ou je n’ai pas compris ce qui m’était arrivé avec le premier cancer. Et que finalement, il me faut un second cancer pour arriver à ce moment où je me dis : « Prends le temps de regarder ce qui t’arrive et d’en tirer les conséquences ». Donc c’est de là que naît myCharlotte.

myCharlotte propose un accompagnement des patients ?

On peut s’appuyer uniquement sur les enregistrements de façon à pouvoir les faire tranquillement quand on en a besoin, quand on en a envie, quand on est disponible pour le faire. Dans le cas où on a des partenariats avec des centres de soins, là on peut mettre à disposition ce qu’on appelle un patient partenaire. C’est quelqu’un qui a vécu la maladie, qui a été formé dans le cadre d’un diplôme universitaire, il en existe un à la Faculté de Médecine de Montpellier. Il va avoir des rendez-vous mensuels par visioconférence avec le patient et il ne va pas être là pour donner des conseils mais plutôt pour pouvoir poser des questions et aider le patient à identifier ce qui lui arrive, à identifier des problématiques et pouvoir trouver des solutions ensemble.

Quel est le fil rouge dans votre parcours Charlotte Mahr ?

Dans tout ce que j’ai pu faire, la notion d’apprentissage est importante. C’est-à-dire que j’ai toujours aimé apprendre d’autres langues, me tourner vers d’autres cultures et c’est ça qui m’a amenée à dire à un moment donné : « Il y a ce manque, si j’avais su et si j’avais pu mieux comprendre dès le premier cancer, j’aurais pu faire autrement. Comment je peux permettre à d’autres d’apprendre ça plus rapidement ? ».

Des conseils pour lancer un projet ?

Le premier conseil que je donnerais c’est de définir son propre cadre de travail. C’est-à-dire qu’est-ce qu’on a envie de faire. Est-ce qu’on a envie de voir les choses en très grand ? Dimensionner son projet. Comment a-t-on envie d’organiser sa propre vie ? Nous, on est dans un cadre très particulier, on est mariés, on vit ensemble et on travaille ensemble. On apprend et on continue à apprendre à ajuster aussi pour délimiter notre cadre de vie personnelle et le cadre de vie professionnelle. Ça, ce n’est pas forcément évident.

Définir son propre cadre de travail.
Dimensionner son projet.

Charlotte Mahr

Le fait d’être entouré par une structure comme le BIC de Montpellier, ça permet d’être en lien non seulement très rapidement avec tout un écosystème dans lequel on va trouver d’autres entrepreneurs, mais cela permet aussi, au même titre que le patient partenaire, de partager avec d’autres entrepreneurs qui nous apprennent énormément sur les difficultés rencontrées, les écueils. Là aussi, en tant que jeune société, on fait souvent les mêmes erreurs.

Et puis on a la chance d’avoir ici un tissu local qui fonctionne très bien, on nous met en lien avec des possibilités de financement, avec des médias. Donc tout cela, ça permet de structurer un réseau qui est soutenant. Pour nous, la pépinière a été quelque chose d’absolument décisif et on est très contents d’avoir installé myCharlotte dans le tissu de la métropole de Montpellier, mais aussi dans l’Occitanie.

Photo de couverture : Charlotte Mahr copyright Grizette.

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