vendredi 19 avril 2024
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Caroline Galmot – Festival MIMA Marionnette Actuelle

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Chaque année au mois d’août et depuis 34 ans, la ville de Mirepoix devient la capitale de la marionnette. C’est à Caroline Galmot, directrice de l’association Filentrope, que revient la charge de mettre en mouvement le Festival MIMA , un événement unique qui regroupe des passionné·es venu·es du monde entier.

En 2022, le Festival MIMA aura lieu du 4 au 7 août, allez-y c’est magique !

Qu’est-ce que le festival MIMA ?

Le festival MIMA est un festival de marionnettes qui défend les arts de la marionnette sous les formes contemporaines à Mirepoix en Ariège dans une cité médiévale. Depuis 34 ans ce festival a lieu dans cette cité médiévale et aussi aux abords dans les communes voisines jusqu’à Lavelanet dans le Pays d’Olmes.

Qu’entend-on par « Marionnette Actuelle » ?

Ce qu’on appelle marionnette actuelle ou contemporaine, c’est la marionnette d’aujourd’hui tout simplement. Elle est vraiment en résonance avec la société contemporaine et nous accueillons des spectacles qui parlent de la société d’aujourd’hui, des artistes jeunes qui nous parlent et posent un regard sensible et critique sur le monde contemporain. Ils sont soit issus de l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette (ESNAM) à Charleville-Mézières, soit en autodidacte. Les techniques utilisées sont à la fois traditionnelles, on peut retrouver dans la marionnette actuelle des techniques de marionnettes à fils, à gaines, à tiges, mais utilisées sous des formes plus d’aujourd’hui. Elles vont être ouvertes sur d’autres disciplines qui peuvent faire appel aux nouvelles technologies ou aux arts du cirque par exemple ou encore aux arts du geste. Finalement la marionnette, c’est l’art de la manipulation au sens très large, mais qui peut être pratiqué et présenté sur des formes multiples, diverses et très ouvertes. Il ne se cantonne pas à une seule discipline. Pour moi, la marionnette aujourd’hui est une des disciplines les plus inventives du spectacle vivant, et d’ailleurs nous pouvons voir que des chorégraphes et metteurs en scène puisent ou se ressourcent dans le théâtre d’objet, dans la marionnette pour renouveler leur pratique artistique.

C’est une des disciplines les plus créatives des arts de la scène d’aujourd’hui. La marionnette travaille à la fois la magie et l’illusion et ce que j’aime dans cette discipline, c’est qu’en tant qu’adulte (nous défendons aussi la marionnette pour adulte), certes nous ne sommes pas dupes, on voit le manipulateur derrière l’objet, on le voit manipuler mais on aime se laisser prendre à l’illusion car nous aimons retrouver quand même cet esprit d’enfant. Nous ne l’avons pas perdu, il est toujours là, et se plonger dans l’imaginaire, voire l’absurde, le décalage et le détournement de l’objet, c’est drôle. Il y a beaucoup de choses très drôles en marionnette et surtout en théâtre d’objet qui nous fait raconter le monde d’une autre manière avec beaucoup de sensibilité, c’est ça qui est pour moi étonnant. On peut avoir des formes déroutantes, étonnantes avec aussi un engagement très fort sur la société, sur le politique.

Comment est né le festival MIMA ?

Le festival a été créé par deux personnes : Hélène Le Roux et Annie Point. C’était une volonté de la municipalité de Mirepoix de créer un événement qui soit original et en même temps attractif. À l’époque en 1988, quelle était la discipline originale et un peu nouvelle ? Annie Point était marionnettiste, Hélène aussi, elles habitaient le territoire, et avec Paul Dardier, l’élu à la culture de l’époque, ils ont décidé de créer un festival de marionnettes qui était très innovant à l’époque.

Quel est votre parcours Caroline Galmot ?

Juste avant de venir en Ariège, j’étais à Marseille au cœur de la ville où j’habitais et en même temps, j’ai travaillé à la Friche la Belle de Mai pendant 10 ans à Radio Grenouille, une radio associative qui défend des projets atypiques et artistiques. C’est ce qui m’a d’ailleurs formée et quand je suis arrivée à MIMA, je pense qu’inconsciemment j’ai « coloré » la nouvelle mouture du festival, la nouvelle orientation artistique du festival, par toute cette expérience que j’ai pu avoir à la Friche la Belle de Mai.
Juste avant j’étais à Paris, j’ai habité à Londres, j’ai eu un long parcours avec des études en Angleterre de management culturel et de droit, après ça m’a poussée à travailler pour des compagnies de théâtre, pour un festival de musique où j’étais attachée de presse et ensuite journaliste à Radio Grenouille.

Quel est votre rôle ?

Il y a une double entrée dans la motivation de ce métier pour moi : à la fois travailler pour la création et effectivement toute ma vie j’ai travaillé en direction des artistes, de la création, pour les faire émerger et faire reconnaître une parole. Là aujourd’hui, c’est plus qu’une parole, c’est un spectacle pour le développement de la discipline marionnettique et d’une forme minoritaire dans le spectacle vivant. C’est défendre cette discipline-là en tant que telle, l’idée c’est effectivement de pouvoir faire se rencontrer les artistes avec lesquels je suis en contact toute l’année et le territoire dans lequel j’habite. Pour ça, nous accueillons des artistes en résidence, nous développons de la pratique artistique, des actions culturelles toute l’année en direction d’établissements scolaires ou autre, des actions de territoires. Et nous diffusons des spectacles tout simplement, mon travail consiste à faire en sorte que les choses se passent ! Donc à trouver les moyens, à être dans le réseau des artistes, être en contact au plus près des artistes toute l’année et au contact du territoire, puis faire en sorte que les deux puissent se rencontrer.

La vie est faite de rencontres, de hasard, il faut prendre des risques, et c’est dans la prise de risques que les choses peuvent se faire.

Caroline Galmot
Des conseils pour lancer un projet ?

Je n’aurais qu’un conseil, c’est d’y croire. Clairement, vu mon parcours, ce n’était pas forcément une évidence que je dirige un festival en milieu rural. La vie est faite de rencontres, de hasard, il faut prendre des risques, toujours, et c’est dans la prise de risques que les choses peuvent se faire. Voilà, c’est le seul conseil que je peux donner.

Photo de couverture copyright Caroline Galmot ©Grizette.

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