mardi 19 mars 2024

Sarah Langner – Marelha

-

Sarah Langner s’engage à fond pour le territoire qui l’a vu naître et qu’elle veut promouvoir autour d’elle. Elle a tout d’abord créé Marelha, un bureau de développement textile, puis un GIE pour fédérer et accompagner les éleveurs de la vallée d’Aure, et une marque pour mettre la laine locale à portée de tous… Ce qui lui laisse encore un peu de temps pour soutenir un projet de tiers-lieu !

Pouvez-vous nous présenter votre activité ?

Alors Marelha c’est un bureau de développement de textile qui accompagne les professionnels dans leur développement de produits et qui va les orienter vers un sourcing plus responsable.
Il y a différentes activités au sein de Marelha, donc celle d’accompagner ces professionnels, également celle de bureau d’études où on va développer des matières innovantes à partir de fibres naturelles et biosourcées. Nous sommes également un fournisseur, donc là c’est purement commercial, on vend des matières comme la ouate, du fil aux professionnels… et toujours sur cet axe éco-responsable. Enfin le bureau Marelha s’est engagé sur la filière laine locale donc plus particulièrement sur la race Auroise ou Aure et Campan puisqu’elle a les deux noms. Nous avons créé une autre structure que je préside, un groupement d’intérêt économique qui rassemble aujourd’hui douze éleveurs de race Auroise et qui permet à Marelha de verrouiller un stock disponible pour ses clients, également de vérifier la qualité, de l’optimiser. Nous travaillons avec les éleveurs dès l’élevage jusqu’à la tonte puis ensuite sur tout le process de transformation. C’est un gage de qualité pour le client et il y a une charte qualité qui a été mise en place au sein du GIE qui garantit le bien-être animal.

Pourquoi ce projet ?

J’avais déjà l’idée de travailler sur la filière laine dès ma troisième année d’études. Je suis issue de la Vallée d’Aure, très attachée à mes origines, et même si je n’ai que 28 ans, j’ai pu déjà constater très jeune que la filière laine était en fort déclin et étant passionnée de mode aussi, j’avais envie de créer un projet qui ait du sens. Dès la troisième année d’études, j’ai pris l’option entrepreneuriat en école de commerce. Mon parcours est vraiment… comme ça [elle fait un geste de vague], puisque j’ai commencé par du design de mode pendant un an juste en mise à niveau en Arts appliqués, puis ensuite, je suis partie en BTS des Industries des Matériaux Souples à Paris pour me former sur de la couture, et puis ensuite, je suis partie en Commerce.

Comment avez-vous lancé votre société ?

J’ai contacté le BIC Crescendo qui est une couveuse et pépinière d’entreprises à Tarbes. J’ai été couvée pendant un an. Ils m’ont accompagnée dans cet amorçage du projet, c’est très important et puis ensuite beaucoup de réseaux aussi, il y avait un gros travail à faire en amont puisque le bureau Marelha ne transforme pas en interne, on travaille avec un réseau de partenaires, il y a une dizaine de partenaires sur le territoire, et puis après, il y avait la phase de financement et ça c’était très important justement d’être accompagnée sur cette partie-là.

Vous avez créé une marque…

La marque Pyloow c’est l’idée de démocratiser la laine. Concrètement c’est pas une marque qui va me rendre riche et c’est pas du tout l’objectif. C’était l’idée de montrer les matières que l’on fait chez Marelha et qu’on peut faire un produit qui n’a rien à se reprocher de A à Z où il y a une transparence totale, d’ailleurs on communique dessus sur les réseaux, et qui est à un prix abordable.

Et ce tiers-lieu « La Soulane » ?

On a encore un peu de mal à définir clairement parce qu’en fait c’est très hybride, c’est entre le tiers lieux… il y a de l’habitation également, donc il y a neuf familles qui viennent s’installer. Il va y avoir une recyclerie, un garage participatif, un espace culturel, un studio d’enregistrement, un resto, un resto associatif… Enfin bref il y a beaucoup de choses, et j’oublie le FabLab couture, un projet que je porte via l’association avec Alexis, un couturier qui travaille avec la haute couture à Paris mais qui est de la Vallée d’Aure. Et l’idée c’est de faire un atelier de confection dédié à la couture avec des formations au public, mais aussi de travailler pour les professionnels.

Comment pouvez-vous tout mener de front ?

Je suis très organisée même si là, je sens la limite où il faut que je commence à recruter, je suis en train de chercher quelqu’un pour m’assister. Mais… le temps oui je n’en ai pas ! Enfin je travaille du lundi au dimanche, mais après quand on aime ce qu’on fait, Voilà, c’est le début, c’est normal… De l’organisation et surtout beaucoup de travail très tard le soir et toute la semaine… et pas de vacances ! Parce que les vacances, on verra plus tard.

Des conseils pour celles qui voudraient se lancer ?

Quand on commence un projet, il faut en parler donc on le dit à tout le monde, souvent c’est très bien reçu de la part des proches, de l’entourage, et le problème c’est qu’après on prend le temps de se lancer, moi personnellement je suis quelqu’un de très lent, donc j’ai pris le temps. Il fallait que je réfléchisse à tout, fallait que tout soit carré même si ça l’est jamais à la fin, mais voilà ! Et en fait les proches mettent une certaine pression : « Où tu en es ? Alors ça y est tu fais du chiffre ? Alors c’est bon t’es lancée ? Je t’ai vue là, c’est super, ça marche ! » Et ça, il faut en faire abstraction. C’est peut-être mon conseil parce que c’est ce qui a été dur pour moi. Au début j’en avais marre de répéter à mon entourage : « ça avance… »

Photo de couverture Sarah Langner copyright Grizette.

ARTICLE SUIVANT