jeudi 28 mars 2024
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Kathlynn Pougeol – Upcyclothe

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Kathlynn Pougeol est la cofondatrice d’Upcyclothe, une entreprise de surcyclage qui aide les professionnels de la mode à valoriser leurs stocks dormants. Pour elle et Len Vang Soua Thao son associée il est urgent de changer nos modes de production et consommation pour s’orienter vers une mode plus responsable.

Pouvez-vous nous présenter votre activité ?

Upcyclothe est une solution pour venir à bout de nos déchets textiles et fonder une mode et, surtout, un monde plus responsable et vertueux. C’est une solution pour les professionnels de marques de prêt-à-porter et des commerçants pour revaloriser leurs stocks dormants grâce au surcyclage. C’est une filière de surcyclage, un opérateur d’upcycling, qui revalorise les matières endormies et les invendus à destination des hôteliers, des restaurateurs ou plus précisément à destination des marques spécialisées dans le réemploi.

Qu’est-ce que le surcyclage ?

L’upcycling, le surcyclage, c’est créer à partir de l’existant. Ça ne demande aucune production nouvelle. C’est pour éviter le gaspillage de nos références textiles qui finissent très souvent dans des déchetteries à ciel ouvert très loin de chez nous.

Le surcyclage c’est transformer des robes en lin, par exemple, en serviettes de table pour les restaurateurs et les hôteliers. C’est aussi des marques d’upcycling qui vont créer des collections upcyclées, surcyclées, à partir de l’existant. Donc transformer un joli blazer qui peut très bien devenir une jolie combinaison d’été. On peut en faire pas mal de choses, une chemise qui peut aussi devenir une jupe et un jean aussi peut se transformer en jupe. Ça peut être plein de choses. C’est ouvert à la créativité des upcyclers.

Que fait-on des invendus habituellement ?

Aujourd’hui, il existe des opérateurs de tri, des filières de recyclage classique qui vont transformer nos textiles en fil. Mais avant Upcyclothe, il n’existait aucune filière de surcyclage. Donc aujourd’hui, c’est la première filière de surcyclage européenne qui s’industrialise. C’est vrai qu’on a tendance à penser que l’upcycling/le surcyclage c’est de la confection artisanale, mais on peut très bien faire aussi de très beaux projets industriels grâce à nos références textiles.

Comment est né ce projet ?

Je pense que l’entourage c’est vraiment un levier dans la réussite d’un entrepreneur.

Kathlynn Pougeol

C’est parti en fait, tout simplement, de l’idée de deux copines qui ont créé une marque de mode responsable et qui se sont rendu compte que créer une marque de mode responsable c’était un pas, permettre aux marques spécialisées dans le réemploi de s’approvisionner et permettre justement à tous les secteurs d’avoir accès à des produits surcyclés, qui sont moins énergivores que des produits recyclés. En fait, c’est ça qui nous a animées, on est parti donc de cette marque de prêt-à-porter responsable à cette filière de surcyclage.

Êtes-vous accompagnées ?

On a eu la chance d’être accompagnées déjà par Pépite Écrin, un réseau pour les étudiants entrepreneurs qui les accompagnent vraiment dans leur posture entrepreneuriale et à poser les premières bases de leurs projets. Ensuite, on a eu la chance d’être accompagnées par une association qui déploie son accompagnement dans toute la France, Les Déterminés, qui nous a permis de passer à l’échelle notre projet. Et puis, aujourd’hui, on est accompagnées par un accélérateur de projets à impact qui se nomme notamment Live For Good.

C’est mieux d’être deux ?

L’entrepreneuriat est venu à moi grâce à mon amie et je l’en remercie profondément parce que je n’aurais jamais eu le courage de me lancer toute seule. Nous, on a vécu beaucoup d’épisodes, on va dire, de la vie, et à deux c’est sûr que c’est beaucoup plus facile de surmonter les obstacles.

Des conseils pour lancer un projet ?

Il faut être bien accompagné. C’est-à-dire s’entourer de personnes qui croient en nous, qui croient en notre projet et qui sont prêts justement à louer leur énergie pour qu’on puisse réussir en tout cas à se lancer. Je pense que c’est clé, l’entourage fait tout. En tout cas, pour ma part, je dirais que ça fait tout parce que même quand on a des moments de « down », comme je les appelle, on a ces personnes-là qui nous rappellent pourquoi on a fait ça, pourquoi on s’est lancé. Je pense que l’entourage c’est vraiment un levier dans la réussite d’un entrepreneur.

Il faut profondément aussi… oui, c’est vrai, être animé par son projet. Donc déjà savoir pourquoi on le fait et je pense que la motivation ce n’est pas une raison pour se lancer dans l’entrepreneuriat parce que la motivation est fluctuante. Je pense qu’il faut être prêt aussi à être discipliné et c’est pour ça que « le pourquoi on se lance » doit être important. C’est vrai que moi, ayant grandi dans les étoffes de ma grand-mère, l’industrie textile ça me parle, vouloir changer les choses dans ce secteur ça me parle, ça m’anime, et c’est profond parce que j’y suis finalement depuis toute petite.

Le sujet qu’on traite doit être vital, quasiment, pour nous pour pouvoir justement se lancer et continuer et persévérer dans son secteur.

J’invite toutes les femmes à se lancer dans cette aventure, d’être entrepreneures et de porter un projet qui a du sens pour nous. J’invite toutes les femmes qui ne se sentent pas légitimes à se lancer parce qu’on a notre place, on est légitimes, on a des choses à dire et je pense que quand on a des choses à dire on ne devrait pas se cacher.

Photo de couverture Kathlynn Pougeol copyright Grizette.

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