vendredi 19 avril 2024
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[ TESTÉ POUR VOUS ] Caroline fait… du bricolage

– « Chéri, tu peux m’installer une étagère dans le bureau ? »
– « Demande à ton père. Je suis nul en bricolage, par contre je peux m’occuper de ta voiture… »
– « Euuuhhh, là tout de suite j’ai besoin d’une étagère, pas d’une vidange ! »

Je suis une quiche en bricolage : il me reste toujours des vis quand je monte les meubles en kit, j’utilise des punaises pour mes tableaux et du “ni-clou ni-vis” pour le reste. Pour éviter de faire tomber “encore” une étagère sur mon ordi, je décide de me lancer dans un cours dans un magasin spécialisé. Je m’inscris sur le site, je consulte le planning, je choisis parmi plusieurs thèmes, celui-ci est parfait : “Je bricole sans mon homme”. Marre d’attendre l’Homme… DO IT YOURSELF!

Dangereusement vôtre

9h30. Il n’y aura personne, c’est samedi matin tout le monde fait la grasse mat’… sauf moi. Mais que nenni ! Le parking est déjà quasi plein. Le bricolage c’est si HYPE que ça ?

À l’accueil, je demande « le cours de bricolage sans mon homme », léger sourire de l’agent de sécurité. Il m’envoie dans une salle vitrée, sûrement pour que le public puisse apprécier mon niveau et se marrer… ou simplement pour les protéger.
Dans le bocal, une grande table, des caisses de vis, chevilles, perceuses et autres matériaux encore inexploités et de longs panneaux de B13 collés au mur pour s’exercer. Oui, « B13 », mon premier mot. C’est comme dans la mécanique, on parle avec des termes techniques que seul·es les initié·es peuvent connaître… Moi, maintenant, je sais.

Trouer n’est pas jouer

Carole, petit bout de femme pétillant, responsable du rayon quincaillerie, m’accueille avec café, jus d’orange, madeleines… ça me plaît déjà le bricolage.

Deux charmantes dames sont là pour les mêmes raisons que moi : OBTENIR LE SAVOIR. Apparemment, elles en connaissent déjà un rayon, et sont souvent là à flâner dans le magasin. Claude, bricoleuse aguerrie, souhaite refaire le carrelage de sa cuisine et récupérer quelques bons conseils pour le reste de ses travaux. Danièle nous confie : « Je fais des trous dans mon placo avec un tournevis, mais ce n’est pas jojo ». Carole, à la fois outrée et hilare : « Vous avez bien fait de venir aujourd’hui ». C’est à mon tour : « Mon chéri n’est pas bricoleur, donc rien de féministe dans ma démarche, j’ai besoin d’une étagère et de refaire les joints de ma baignoire. Aidez-moi ! » L’espace d’un instant, j’ai l’impression d’assister à une réunion de bricol’girls anonymes.

C’est donc parti pour trois heures de cours théorique et pratique. Retour aux basiques. Pédagogue, Carole nous explique la différence entre les chevilles nylon et celles pour mur creux afin d’éviter de transformer nos murs en gruyère… « n’est-ce pas Danièle ! ».
Le cours continue, on parle en millimètres, de clous, tige filetée, cheville à frapper et… scellement chimique. TAAannDAnnn !! Apparemment une RE-VO-LU-TION pour fixer les grosses charges dans les parpaings. Tout le monde reste en admiration… c’est sûr, on n’a pas les mêmes objets de culte.

L’homme au pistolet d’or

« C’est vous qui voulez bricoler sans vos hommes. Grosse erreur mesdames ! Bon, je vais voir ce que je peux faire pour vous. » Olivier, notre autre GF (Gentil Formateur) – plein d’humour – entre et prend place au sein de sa cour. Il va nous faire manipuler les machines.

À nous de faire des trous, de découper, on va toucher, tester les gros engins ! Perceuse, perforateur, robot multi-usages… Olivier nous prête sa mallette magique. Avec la présentation de tous ses joujoux, j’ai l’impression d’être au téléachat avec Maryse et Pierre Bellemare.

Armée de ma perceuse en mode James Bond Girl, j’agrippe mon arme et me lance. J’apprends comme une grande à percer, réparer, reboucher, décaper, changer un joint, poser une étagère. Olivier, dans l’euphorie, nous révèle même un secret bien gardé des bricolos : « reconnaître une mèche à béton d’une à bois : si au-dessus, il y a une pique c’est une mèche à bois, s’il y a une forme de toit c’est pour le béton et s’il n’y a rien c’est sûrement un foret à métal ». « Fantastique ! Voilà un truc que je pourrai ressortir dans les dîners avec mes copines »… rires…

Permis de bricoler

Les trois heures passent très vite, les blagues fusent, l’ambiance est bon enfant. Des cours de bricolage pédagogiques, ludiques et conviviaux avec des professionnel·les passionné·es. J’en ressors complètement satisfaite avec l’envie de tout faire moi-même. C’est qui la patronne ?!

Dès le lendemain, je ronfle auprès de mon père, roi indétrônable de toute la galaxie +1 du bricolage : « J’ai posé mon étagère et j’ai refait les joints de ma salle de bain ». Je lis du RESPECT dans ses yeux, ça y est je suis acceptée dans la famille du bricolage. J’veux ma caisse à out’s !

Beaucoup d’ateliers se veulent « bricoler sans homme ». On veut chasser la testostérone… mais pas ici. On propose à tou·tes d’apprendre à bricoler car la transmission du savoir-faire entre les générations se fait de moins en moins. Mon chéri en aurait bien besoin. Tenir un marteau n’est pas inscrit dans son ADN. Le prochain cours je l’inscris !

Illustrations Dafne Saporito

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