mercredi 24 avril 2024
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Mathilde Scheuer – Laboratoire Hollis

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Mathilde Scheuer est pharmacienne mais elle est aussi la cofondatrice du laboratoire Hollis dédié à la santé des femmes. En proposant des compléments nutritionnels et des conseils santé, Mathilde et Thomas, son associé, ont l’ambition de permettre aux femmes d’améliorer leur bien-être au quotidien.

Comment avez-vous eu cette idée Mathilde Scheuer ?

Le laboratoire Hollis a été une sorte de « bébé Covid ». On s’est recontacté avec mon associé Thomas Hugonnenc après le premier confinement, nous en sortions tous les deux et ça a été une sorte de shaker, de remise en question de nos valeurs et de ce qu’on voulait faire. Quand Thomas m’a proposé qu’on s’associe pour peut-être monter un laboratoire de compléments nutritionnels, c’est vrai que la problématique des femmes m’a tout de suite interpellée, et ça a été la condition de le suivre dans ce projet. Pour plusieurs raisons, parce qu’en tant que pharmacienne professionnelle de santé, en tant que maman et amie, ça fait une dizaine d’années que je vois autour de moi, et moi la première, les difficultés que peuvent avoir les femmes au quotidien.
Elles essaient de tout concilier avec cette logique que l’on doit être à fond dans le boulot, gérer aussi la partie maternité et la partie amicale. On doit aussi se garder une vie et je vois énormément de femmes autour de moi, et comme je le dis très humblement, moi la première, qui avaient des difficultés à concilier tout ça et plein de petits tracas de santé qui venaient s’ajouter. Paradoxalement, sans avoir un côté non plus féministe ultra poussé, je trouvais que les réponses apportées étaient soit des caricatures sur un aspect vraiment purement beauté (cellulite, cheveux, etc.) quand on vise les femmes, soit des coquilles vides un peu marketing. Quand on parlait de ménopause ou de sujets vraiment santé, les compositions laissaient un peu à désirer à mon sens, en tant que pharmacienne.

Avec Hollis, nous avons eu l’ambition de proposer un laboratoire efficient, qualitatif, français et pour apporter une vraie réponse scientifique aux femmes et leur permettre d’avoir une vie la plus épanouie possible au quotidien.

Notre alimentation ne suffit-elle pas ?

Dans la théorie oui, après il y a plusieurs choses qui font que dans la pratique globalement, non. Déjà parce qu’on est face depuis 20-30 ans à une alimentation de plus en plus industrielle et qui a été justement appauvrie en énormément de nutriments. Nous avons une agriculture de plus en plus intensive, donc au final, les aliments sont de moins en moins riches d’un point de vue nutritionnel. Il y a des études qui montrent par exemple qu’une pomme il y a 50 ans contenait 100 fois plus de vitamines C qu’aujourd’hui. Il y a une deuxième chose, c’est qu’aujourd’hui on a une vie à 200 à l’heure, c’est-à-dire qu’on sur-sollicite notre métabolisme et au lieu par exemple d’être à 100km/h, on est globalement en vitesse de croisière à 150. Donc nous avons des besoins qui sont aussi augmentés et puis il faut savoir qu’il y a beaucoup de femmes qui se sous-alimentent. Elles font attention à ce qu’elles mangent, à leur poids et du coup elles se retrouvent carencées en beaucoup de nutriments parce que, à tort ou à raison, elles se restreignent aussi sur le volume alimentaire au quotidien qu’elles peuvent s’accorder.

Qu’est-ce qu’un complément alimentaire ?

Le complément alimentaire, c’est aussi un grand fourre-tout, mais réglementairement, c’est quelque chose qui est sensé venir compléter une alimentation. Ce n’est ni un médicament
ni de la poudre de perlimpinpin, ce sont des nutriments, de la phytothérapie, des vitamines, des minéraux, des acides gras essentiels qui vont venir compléter une alimentation qui peut être carencée, déséquilibrée, ponctuellement ou sur une période un peu plus longue.

Quelle est votre approche ?

Nous avons vraiment eu envie avec Hollis de nous placer de pair-à-pair à la fois avec nos partenaires, pharmacies, sages-femmes, gynécologues avec qui on travaille, mais aussi avec nos patientes. C’est-à-dire que notre but est de diffuser un maximum d’informations. Moi je crois que pour que les gens puissent aller mieux durablement, il faut qu’ils puissent être acteurs de leur santé et pour ça, il faut qu’on puisse leur donner de l’information. C’est pour ça que Hollis ne se résume pas à des gélules, nous avons tout un écosystème de livrets, de conseils aussi sur le site. Et travailler avec nos professionnels de santé pour que la personne puisse, si ça l’intéresse, avoir un maximum de contenu, de conseils, pour qu’elle fasse finalement ce qui lui parle à elle. Le conseil que je vais donner par exemple à madame A ne sera pas le même qu’à mademoiselle Y, et chacun a son propre mode de vie, son alimentation, ses besoins.

Pourquoi l’Aveyron ?

C’était une évidence, surtout au niveau des valeurs. Nous prônons l’alimentation, la santé, un environnement qui soit sain. C’est vrai que de vivre et d’avoir la chance d’avoir notre activité professionnelle et notre vie personnelle dans un cadre comme celui qu’offre l’Aveyron, de l’espace, des environnements préservés, une alimentation qui, sans être trop chauvin, est de très haute qualité avec plein de petits producteurs, c’est être aligné avec ce que l’on prône.

Êtes-vous accompagnés ?

En Aveyron, nous avons eu énormément de chance, parce qu’on a été très accompagné, un soutien vraiment humain et institutionnel très fort. Déjà nous avons la chance d’être à la Maison de l’Économie portée par Rodez Agglomération qui nous offre des structures et des locaux mais aussi de la formation. Nous avons aussi eu la chance d’être soutenus par Initiative Aveyron au niveau financier et pour avoir des prêts au départ qui nous ont permis de lancer la structure. Et il faut le dire aussi, nous avons un accompagnement hyper important et beaucoup de soutien par la Banque Populaire Occitane qui a vraiment cru en notre projet, qui nous a portés.
C’est vrai que quand on parle de financement, on sait aujourd’hui qu’il y a beaucoup de start-up qui sont obligées de passer par des levées de fonds et perdre aussi un peu leur propriété intellectuelle sur leur société. Nous avons encore la chance d’être complètement suivis par deux fois, par Initiative Aveyron et un système bancaire classique, et c’est vrai que c’est plutôt rare, donc ça a le mérite d’être souligné.

Des conseils pour lancer un projet ?

Si vous avez un projet, des choses qui vous tiennent à cœur, il faut y aller.

Mathilde Scheuer

Que rien n’est impossible, il ne faut pas hésiter à faire le premier pas et à se lancer. Je pense que souvent, le plus gros défaut que l’on a en tant que femme, moi la première, c’est la peur de ne pas être à la hauteur ou d’avoir ce syndrome de l’imposteur en se disant : « Je ne vais pas y arriver, est-ce que j’ai les compétences ?« 
Le plus dur à mon sens, c’est le premier pas, mais après, il ne faut pas hésiter. Ça fait maintenant presque deux ans qu’avec Thomas nous sommes partis et il n’y a pas une seconde où je regrette. C’est beaucoup d’investissement, beaucoup d’engagement, mais quand on a la chance justement de pouvoir faire ce qu’on aime au quotidien, de pouvoir organiser aussi son temps et ses priorités c’est un luxe ultime.

J’encourage vraiment hommes et femmes, si vous avez un projet, des choses qui vous tiennent à cœur, il faut y aller. Il faut foncer parce que c’est une grande aventure mais c’est quelque chose de juste formidable.

Photo de couverture copyright Mathilde Scheuer ©Grizette.

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