Audrey Boulard nous explique comment et pourquoi elle a lancé le projet Locatool, un service pour faciliter la location d’outils pour les particuliers en Lozère.
Comment ça marche ?
C’est une plateforme Web sur laquelle on peut trouver des offres de location à proximité, réserver les outils dont on a besoin, payer et déposer une caution. Une fois l’outil réservé, on ira voir le commerçant chez qui on l’a réservé pour le récupérer, tout simplement.
Comment avez-vous eu cette idée ?
Je m’intéressais pas mal à l’économie de la fonctionnalité, c’est-à-dire repenser un peu différemment notre façon de consommer. Quand on achète une perceuse, on n’a pas vraiment besoin de la perceuse en soi, on a besoin d’un trou dans le mur pour accrocher notre tableau. Acheter l’outil est un moyen, mais on s’en fiche en général d’avoir une perceuse ou non. L’idée, c’est de repenser l’achat du matériel et de se demander comment avoir ce trou-là sans forcément acheter. La location c’est très bien par exemple ou emprunter à un ami, et ça permet, d’un point de vue environnemental, de réduire nos consommations de matières premières, transports, CO², etc.
Je trouvais ce principe très intéressant et en parallèle, j’avais besoin d’un Karcher pour nettoyer ma terrasse. Je cherchais des offres de location pour ne pas avoir à acheter ce Karcher, et j’en ai trouvé peu et en plus, ce n’était pas pratique. J’ai creusé un peu le sujet et je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire, j’étais intéressée pour monter un projet comme celui-là, c’est pour ça je me suis dit : “c’est parti !”.
Nos modèles de consommation sont devenus obsolètes ?
Nous pouvons comprendre comment nos modèles de consommation sont arrivés là, c’est sûr que c’est plus facile d’aller acheter quelque chose qui est peu cher et après, on est poussé par la consommation. On peut comprendre pourquoi, par contre nous ne pouvons pas rester sur un modèle comme celui-là, ce n’est pas viable sur le long terme, autant d’un point de vue social qu’environnemental. Il faut agir avant de se retrouver au pied du mur et de se dire : « Ah c’est trop tard, on aurait dû faire quelque chose ».
Il faut réfléchir à comment consommer autrement, que ce ne soit pas une contrainte pour le consommateur mais que ça lui apporte une valeur supplémentaire. C’est maintenant qu’il faut réfléchir à consommer différemment, et faire des propositions aux personnes pour que nous soyons vraiment main dans la main avec ces nouvelles solutions, plutôt que de se dire que c’est une contrainte à subir.
Quel est votre parcours Audrey Boulard ?
Je suis ingénieure de formation, j’ai fait une double école d’ingénieur en France en région parisienne et en Suisse. Après, j’ai fait mon stage de fin d’étude au Chili et ensuite, j’ai travaillé pendant six ans dans deux boîtes différentes en start-up et avec une grosse boîte, dans l’électronique et développement logiciel en tant que développeuse et cheffe de projet.
Pourquoi la Lozère ?
J’avais le projet et je ne savais pas vraiment où commencer pour m’implanter, puis j’ai eu l’opportunité de discuter du projet avec le directeur d’un Hyper U à Mende qui a été emballé par l’idée et m’a proposé de tester mon concept ici avec lui. Je me suis dit que c’était l’occasion de revenir en Lozère et de lancer mon projet avec un partenaire qui en plus était intéressé par le concept, donc c’était super.
Êtes-vous accompagnée ?
Ça fait quelques mois que je suis accompagnée par l’incubateur Alter’Incub à Montpellier qui m’a aidée sur toute la construction du projet et qui me suit toujours. Je travaille aussi avec POLeN qui est une pépinière d’entreprise sur Mende et qui travaille en complément avec Alter’Incub. J’ai aussi des partenaires plus professionnels, c’est-à-dire que sur Mende j’ai trouvé des partenaires qui souhaitent aussi mettre des outils en location, donc je les ai assez vite intégrés sur ma plateforme pour pouvoir tester le concept simplement et rapidement.
Des conseils pour lancer un projet ?
Ne pas hésiter à se faire accompagner.
Audrey Boulard
Je pense que quand on a une idée qui nous tient à cœur, il faut en parler autour de soi, parce qu’on a tous des supers idées à des moments et c’est en parlant qu’on va vraiment sentir quel est le fond de son idée, ce qui plaît ou pas. D’en parler ça permet de construire le projet, de voir où on veut aller et de confirmer avec soi-même si on veut vraiment se lancer sur ce projet-là. Il faut en parler encore et encore.
Ne pas hésiter à se faire accompagner. Quand on se dit qu’on va vraiment se lancer et qu’on veut créer par exemple une entreprise ou une association, il y a des structures pour se faire accompagner, ça peut être intéressant de s’en approcher pour avoir des conseils. À un moment, il faut se dire : « Si je n’y vais pas, est-ce que je le regretterais ? ». C’était carrément le cas pour moi, donc j’y suis allée et comme ça, je ne regretterai pas !
Photo de couverture Audrey Boulard copyright Grizette.