samedi 27 avril 2024
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Zeïneb Ben Hiba – Tawla

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Zeïneb Ben Hiba est architecte, elle a cofondé « Tawla » avec son mari Bastien Marion. Après dix ans de vie parisienne, ils ont voulu retrouver la matière brute et des projets inscrits dans un rapport direct avec leur environnement en Aveyron.

Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour je m’appelle Zeïneb Ben Hiba, je suis architecte et j’ai créé « Tawla » une entreprise d’architecture avec mon mari en 2015, il y a quatre ans.

Alors Tawla est venu d’une réflexion que nous avons eue à l’époque sur le fait de vouloir modifier notre pratique du métier. Donc on exerçait tous les deux à Paris, on était architectes à Paris et on s’éloignait de plus en plus de la matière et de l’artisanat, ce pourquoi on avait choisi ce métier.

« Tawla » ça veut dire « la table » en occitan et en tunisien. Donc quand on a découvert les origines de ce mot, étant moi d’origine tunisienne et Bastien lui était d’origine aveyronnaise donc occitane, il nous a paru évident d’aller vers ce mot, d’autant plus qu’on voulait aussi se recentrer sur des petites échelles dans notre pratique du métier, travailler donc comme je le disais la matière et travailler du mobilier et donc la table… voilà, quoi de mieux que la table pour se réunir et réfléchir autour d’un projet et d’un objet.

La matière semble importante pour vous…

Quand on parle justement de ce côté qui est très à la mode, vintage, on dit qu’il y a du cachet… Alors moi j’ai essayé de mettre des mots dessus, d’aller plus loin de me dire : « Mais qu’est-ce qui fait qu’on est attiré par ces espaces-là ? ». Et ça a été de me dire tout simplement « mais il y a le temps qui a été inscrit dans la matière » et ça, on le retrouve qu’avec des matériaux qui sont des matériaux issus de la terre comme la pierre, le bois, les matériaux naturels qui ont une matière et qui permettent une usure de cette matière-là voilà. Et ce qu’on ne trouve pas du tout dans tout ce qu’on pose aujourd’hui les revêtements en plastique, en PVC, la déco… on est sur des couches superficielles de déco qui vont très bien passer pour faire une photo Instagram ou pour faire une belle photo de mode ou de déco mais par contre à l’usage, on va très vite le voir au bout de deux-trois ans cet espace-là, il va déjà être vieux alors qu’il n’a même pas eu le temps de se patiner, de recueillir l’usure du temps.

C’est difficile d’être une femme dans ce métier ?

Depuis un an maintenant, je suis la présidente du Syndicat des Architectes et il s’avère qu’autour de la table les hommes sont en minorité, en tout cas pour les jeunes architectes en Aveyron. Mais je pense qu’on est l’exception puisque je sais aujourd’hui qu’il y a 27 % de femmes qui sont inscrites à l’Ordre des Architectes, quand on sait que la moitié sortent des écoles. Donc la volonté d’entreprendre n’est pas égale… en tout cas elle n’est pas égale sur le territoire. En Aveyron, moi j’ai la chance de pas… j’ai jamais rencontré de difficultés tout simplement. C’est que les artisans aussi il y a un turn-over, il y a de nouveaux artisans qui arrivent et des jeunes comme nous et qui ne se posent pas du tout la question de savoir s’ils ont une femme ou un homme devant eux, ils ont tout simplement un architecte et un professionnel.

Faut-il mieux sensibiliser le public à l’architecture ?

En France, c’est pas une discipline qui est enseignée à l’école. On apprend l’architecture que quand on va dans une école d’architecture donc il faut en faire la démarche. Dans plusieurs autres pays, on enseigne l’architecture dès l’école primaire puisqu’on a estimé que, comme la géographie, c’était quelque chose d’important de comprendre et de connaître son environnement. Son environnement à petite échelle comme son environnement à grande échelle, on n’a pas dissocié les deux. Donc il y a une autre culture et un autre rapport aux objets, à la matière et à l’habitat.

Des conseils pour celles qui voudraient se lancer ?

Moi je sais que j’ai passé un mois ou deux à essayer de faire des business plans, de savoir si ça va marcher ou pas, combien de chiffres il me faut et en fait, on est toujours loin de la réalité, et à un moment faut le faire, faut tenter, il y a que l’expérience et le concret qui permet de se rendre compte. Et on peut toujours faire marche arrière, c’est surtout ça… c’est vrai que quand on dit on va créer une société, je vais devoir mettre un capital… mais je vais devoir la liquider… Non ça se fait, comme on peut fermer un compte bancaire, on peut fermer une société si on estime que ce n’était pas le bon choix. Mais en tout cas, faut le faire parce que c’est… c’est une bonne expérience à vivre, c’est très enrichissant.

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