Reprendre et développer un domaine familial qui écrit son histoire depuis plusieurs générations est un vrai pari. Fanny Boyer, la vigneronne passionnée, le relève chaque jour avec son frère et contribue à faire du Château Beaubois une référence dans le monde du vin.
Pouvez-vous nous présenter votre activité ?
Je suis vigneronne sur la propriété familiale. C’est un domaine familial depuis quatre générations. Donc je travaille avec François, mon frère, je m’occupe plus spécifiquement des vinifications, de la commercialisation, une grosse partie d’administratif et de marketing aussi.
On touche énormément d’aspects dans notre métier. C’est-à-dire qu’on est dans la partie production, on voit une plante grandir, on voit des fruits apparaître, il faut les faire mûrir à bonne qualité. Il y a la partie élaboration, qui est la partie sur laquelle je suis la plus enjouée, parce que c’est celle qui m’a fait aimer le métier. C’est la transformation d’un fruit, d’un produit brut, pour l’amener à ce que sera le vin par la suite avec de multiples étapes, aussi bien de la vinification, de l’élevage, de la mise en bouteille… etc.
Donc il faut être évidemment fort dans ce domaine, mais ensuite il y a toute la partie commercialisation parce que sans vente de vin, tout ce qui est en amont n’existe pas.
Comment faites-vous évoluer le domaine Château Beaubois ?
La beauté d’une entreprise familiale c’est de travailler avec ce qui s’est fait par le passé. Chaque génération amenant sa pierre à l’édifice, plantant les vignes pour les générations futures. Quand on plante une vigne il faut savoir que c’est pour les 40, 50, 60 prochaines années.
François et moi, on apporte notre patte, notre touche de modernité. On nous dit souvent qu’on est dans l’air du temps, qu’on sent les choses, mais c’est vrai qu’on est très souvent en recherche de ce qui va faire le futur, de ce que vont être les vins dans l’avenir, tout en ayant un regard sur ce passé.
On a un parcours environnemental qu’on a tracé là aussi comme un sillon, commençant par l’agriculture raisonnée et puis ensuite le bio et la biodynamie maintenant. Ça fait partie de notre génération, ça a été un cap qu’on a passé il y a une vingtaine d’années et on sentait que c’était à nous de le faire.
Vous faites partie des Vinifilles ?
Les Vinifilles c’est un coup de cœur professionnel et amical pour moi. Quand on fait du vin c’est un métier de partage. Alors on partage au travers de notre métier, mais aussi au travers du produit qu’on fait. Et ça me semblait évident de rejoindre un groupe, alors je fais partie de plusieurs groupes en l’occurrence, mais les Vinifilles ça a été le démarrage d’une grande aventure il y a une quinzaine d’années.
C’est un groupe qui est magnifique, qui est enthousiasmant, qui est fou, qui est fun, qui est pro… Voilà, c’est de l’amour. En fait, c’est de l’amour en bouteille ou en barre. Je ne sais pas comment l’exprimer, tellement ça vient du fond de moi.
Je pense que je ne serai pas celle que je suis aujourd’hui sans ce groupement et à chaque fois que j’en parle c’est avec enthousiasme, c’est avec gaieté. C’est un échange entre femmes vigneronnes, toutes en Occitanie, qui a été créé à la base par Pascale Rivière du domaine La Jasse Castel, puis ça a évolué avec plusieurs présidentes parce qu’il faut des épaules, il faut de l’envie pour tenir ce groupe là.
Au travers de nos réunions, on discute beaucoup de technique, on discute beaucoup d’avenir parce qu’on réalise beaucoup de projets avec les écoles ; les écoles de sommeliers, les écoles même élémentaires, au travers du goût ou au travers des sens, aussi bien l’odorat que le goût, afin d’aider les futures générations à entrer dans l’univers du vin.
Des conseils pour lancer un projet ?
C’est surtout l’envie qui doit guider un parcours.
Fanny Boyer
Écouter sa bonne étoile ou sa petite sa petite voix intérieure, garder la passion, garder l’espoir parce que, forcément, un parcours d’entrepreneuse ou un parcours de vigneronne est semé d’embûches, mais la vie est semée d’embûches et il suffit soit d’escalader quand c’est très grand soit de sauter quand c’est plus petit. C’est surtout l’envie qui doit guider un parcours.
Avoir un socle de famille et d’amis important, qui est là pour les mauvais moments, qui est aussi là pour partager les bons moments. Et puis s’entourer aussi de conseils de professionnels, à la fois des partenaires financiers, à la fois des partenaires commerciaux. C’est surtout être entouré, partager et garder la foi et l’envie.
Photo de couverture Fanny Boyer copyright Grizette.