vendredi 26 avril 2024
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Fabienne Célard – Terres Fromagères

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Fabienne Célard est gérante de « Terres Fromagères » une crèmerie-fromagerie en Aveyron. Que ce soit sur les marchés, auprès de ses clients, ou devant un jury de concours, elle transmet sa passion avec une belle énergie communicative !

Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

Je suis arrivée il y a dix ans en Aveyron, je n’étais pas du tout dans le métier, j’étais diplômée d’aménagement du territoire, donc rien à voir, mais mes racines étant agricoles, mon père et mon frère agriculteurs, j’avais vraiment une envie de revenir vers mes racines… et le fromage ! J’ai commencé à travailler dans des fromageries. C’est une femme, Annette Dulac à la fromagerie La Gayrie à Villeneuve d’Aveyron qui m’a accueillie, m’a fait faire mon premier stage, et m’a donné mon premier boulot.

Comment abordez-vous votre métier ?

J’ai commencé à proposer les fromages que j’avais fabriqués, tout simplement, avec les premières personnes qui m’ont accueillie dans le métier. Et puis j’ai écouté mes clients qui m’ont dit : « Nous on aimerait avoir un petit peu plus de ci, de ça. » Donc du coup, j’ai une offre locale assez complète et puis je m’attache toujours à travailler en direct parce que ça me permet d’avoir les explications sur les saisons… En fait, ce sont les producteurs qui m’ont appris mon métier, tout simplement. Et puis récemment, ça fait deux trois ans au fil des voyages, j’ai commencé un peu à prendre les clients avec moi aussi, via ma page Facebook, et puis via mes récits de voyage : je suis partie en Savoie, je suis partie en Italie, et j’ai ramené à chaque fois des fromages d’un peu partout. Parce que voilà, je cherchais aussi un métier qui était porteur de sens. Travailler pour des producteurs, se sentir utile. Et puis raconter une histoire, raconter l’histoire des gens, raconter l’histoire des territoires, ce qui était mon métier à la base… C’est raconter pourquoi un fromage est sur un territoire donné, un terroir donné. Tout ça, c’est à nous de l’expliquer.

C’est un challenge d’entreprendre quand on est une femme ?

Moi je crois qu’entreprendre au féminin c’est vraiment un acte féministe !

Il faut vraiment s’accrocher et pas écouter les autres, parce qu’aussi bien de la part des hommes que des femmes, on serait tentée de dire – et surtout moi à mon âge – là il faut que tu commences à te poser, fonder une famille, voilà, tu passes beaucoup trop de temps à ton entreprise… Bah non en fait ça me passionne, je ne vois jamais le temps passer. Les heures défilent, je suis hyper épanouie, donc déjà, arrêter de culpabiliser les femmes, et leur dire : « vous pouvez prendre du temps pour votre carrière, réalisez vos rêves. »

Des conseils pour les porteuses de projet ?

Un, c’est bien formuler son projet par écrit, c’est vraiment très important en fait de poser les choses dans sa tête et se dire : « qu’est-ce que j’aime, où est-ce que je veux aller ? » et de le réécrire régulièrement parce que des fois, on est un peu perdue, un peu découragée. Et se donner aussi un temps à soi-même pour vraiment s’écouter.

Et puis ensuite, c’est se rapprocher des structures… type coopératives, Boutiques Gestion Créer (BGE), des pépinières d’entreprises, tous les services institutionnels qui sont là pour aider l’entrepreneuriat et les jeunes pousses. Cet accompagnement, il est extrêmement nécessaire. Encore une fois, ils vous permettent de reformuler votre projet, de se confronter à des idées.

Et trois… allez voir d’autres personnes, allez voir des professionnels. On ne peut pas transposer des modèles d’entreprise, chaque entreprise est unique sur un territoire donné, avec une personne et un caractère donné, mais on ressort à chaque fois des petits éléments : « Tiens je pourrais faire ci, je pourrais faire ça ». Et on peut même prendre des virages et ce n’est pas grave, on peut prendre un virage à 180° et se dire « en fait c’est super ce que cette personne fait, pourquoi moi j’irais pas vers cette direction ? ». Et du coup toujours se donner une direction, même si elle change un peu, même si on change de trajectoire, voilà, se donner des objectifs… tout le temps.

Comment en êtes-vous venue à faire des concours ?

Je suis allée à la maison Mons qui est une grande maison à côté de Roanne, une maison d’affineurs. De là, j’ai rencontré Vincent Verleyen qui est Meilleur Ouvrier de Belgique, il m’a dit : « viens chez moi en Belgique ». J’ai répondu : « ok, je viens chez toi ». Si on me propose, je vais faire des stages chez les autres. Et puis de fil en aiguille, c’est lui qui m’a dit : « fais des concours, tu vas apprendre énormément ».

Donc j’ai passé le concours, à Paris, de La Lyre d’Or, où je suis arrivée quatrième. Je suis abonnée aux médailles en chocolat, mais… c’était vraiment une super expérience, ça m’a boostée, ça m’a fait connaître et m’a donné confiance en moi. Je me suis dit : « et si on pouvait faire la Coupe de France ? Allez ! On va faire la Coupe de France ». Moi je me suis présentée en me disant : « je suis une toute petite crèmerie, mais bon allons-y, parce qu’on apprendra toujours quelque chose », on se dépasse, et je l’ai préparé pendant deux mois avec vraiment beaucoup d’assiduité, et puis je suis arrivée cinquième, c’est comme si j’avais gagné ! C’était une super expérience. J’ai des copines qui sont montées de l’Aveyron, il y avait un super public. J’ai pu y voir mes confrères, qui m’ont dit : « Le Laguiole, vraiment vous l’avez bien vendu, on a envie de le goûter ! ». Si au moins je fais ça… la promotion de mon territoire, c’est super ! Si les gens retiennent ça de moi, c’est chouette !

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