vendredi 29 mars 2024
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Athénaïs : showcase en tête à tête

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Athénaïs donne la recette de ses chansons : « une dose de chagrin marinée avec une guitare folk et garnie d’une voix veloutée, le tout mélangeant la pop, la folk et un soupçon de rock ».
À l’occasion de la sortie de son premier EP Ciao Ciao, on a voulu en savoir plus sur cette auteure-compositrice-interprète montpelliéraine…
Elle est venue sur sa bicyclette, sa guitare sur le dos. Confidences d’une artiste sensible, au regard espiègle et au cœur d’artichaut !

Athénaïs, tu es originaire de la Drôme et tu vis désormais à Montpellier, raconte-nous ton parcours.

Exactement. Cela fait trois ans que je suis à Montpellier. J’ai grandi dans la Drôme puis je suis partie vivre en Angleterre pendant six ans. Depuis toute petite je voulais faire du piano car il y en avait un chez ma grand-mère. Mon grand-père maternel qui était altiste, l’utilisait de temps en temps. Mais j’avais du mal à m’y mettre sérieusement. Jusqu’au jour où j’ai découvert que je pouvais chanter et jouer en même temps ! J’ai appris les chansons de mes artistes préférés du moment (Fiona Apple, Cat Power…).
C’est en Angleterre que j’ai commencé à écrire. Je me suis achetée une guitare, c’était plus pratique à trimbaler ! Et je faisais pas mal d’Open Mic (scènes ouvertes), c’était plutôt des reprises à l’époque. Je ressentais le besoin de faire plus de musique et une école aussi, mais j’étais freinée financièrement car Londres est une ville chère. Ma sœur et mon cousin vivaient à Montpellier. J’y ai découvert Le Jam qui proposait un tremplin. J’ai postulé en 2013 et terminé finaliste. J’ai donc eu une année au Jam, qui m’a permis d’être plus sérieuse musicalement avec une régularité dans le travail. J’y ai écrit de nouvelles chansons, joué avec des groupes. Mon producteur, rencontré l’été 2014, m’a fait travailler en studio, on a réalisé des arrangements sur les chansons que je voulais orchestrer. L’été dernier, on a pu enregistrer avec d’autres musiciens. J’ai eu la chance d’avoir des subventions de la Ville de Montpellier, du Département et de la Banque Populaire en plus de la campagne de financement participatif, qui m’ont permis de payer cet album. En 2014-2015, j’ai fait pas mal de concerts solo. J’ai aussi rencontré mon label Le Petit Chat Noir qui m’a aidée pour m’organiser et sortir l’EP le 30 septembre.

Qu’est-ce qui t’a poussée à partir vivre en Angleterre ?

Après le Bac, j’avais envie d’apprendre à parler l’anglais couramment. J’étais jeune fille au pair. J’ai travaillé chez différentes familles, dont une la première année avec qui je me sentais un peu rabaissée… J’ai d’ailleurs une chanson “Little Miss X”, écrite dans ma chambre de bonne, qui parle de cette période qui n’a pas toujours été facile au début.

Sur ta page Facebook notamment, tu écris “ville d’origine : Londrellier”…

Oui c’est vrai (rires). En fait, Londres me manque toujours, même en étant à Montpellier depuis trois ans. J’en parle beaucoup. Dès que j’y vais, je poste une photo, je fais une scène ouverte. La chanson Ciao Ciao, éponyme de l’EP, est une chanson pour dire au revoir à Londres. J’essaie de garder ce lien avec l’Angleterre parce que c’est là-bas que je suis née en tant qu’artiste. Mais à Montpellier, il s’est passé tellement de belles choses. C’est une copine qui m’avait fait cette blague, en me disant qu’il faudrait qu’une ville s’appelle Londrellier pour que je sois heureuse !

La recette de tes chansons est une dose de chagrin… Tu as besoin de ce sentiment pour écrire ?

Heu, oui (dit-elle, pensive). D’ailleurs pendant trois ans, avec mon amoureux de l’époque, j’étais bien et je n’ai pas écrit une seule chanson ! Je n’avais plus d’inspiration parce que j’étais heureuse. Ça me rendait triste parce que j’avais très envie d’écrire mais rien ne venait. Quand on s’est séparé, au moment où je suis venue à Montpellier, j’ai eu un flot de choses à dire, ça ne s’arrêtait plus… Dans l’album “Artichoke Hart” (Cœur d’Artichaut) qui sortira en 2017, il y a beaucoup de chansons d’amour. Aujourd’hui, dans les textes que je commence à écrire, j’essaie de m’en détacher, de ne plus parler de moi.

Athénaïs

Quel message veux-tu faire passer dans ton EP Ciao Ciao ?

J’ai essayé de choisir les morceaux un peu phares, qui d’ailleurs ne sont pas forcément des histoires d’amour, Little Miss X notamment. Do You Ever est une chanson où je me questionne sur la vie. Disons que c’est une sélection qui pour moi représente une sorte de transition entre Londres et Montpellier. Pas mal sont écrites là-bas, certaines de mes 1ères chansons, et puis aussi une chanson commencée là-bas et terminée ici. Ça représente aussi tout ce que je produis comme musique, ces quatre titres représentent bien mon univers.

Tes chansons racontent tes amours… tu as vraiment un cœur d’artichaut ?

(Elle sourit) Ben en fait, après avoir fait le bilan de toutes ces chansons, je me suis dit « Athénaïs, t’as plein de petites histoires d’amour différentes, faudrait peut-être que tu arrêtes de faire ça ! ». Est-ce que j’ai vraiment un cœur d’artichaut ? Bon en fait l’histoire, c’est que j’ai écrit une chanson qui s’appelle Artichoke Hart, mais ce n’est pas une expression qui existe en anglais ça désigne le légume. Et c’est peut-être mon côté prof de français -puisque j’ai fait un master français langue étrangère à l’université Paul Valéry – qui a eu envie de traduire cette expression dans une chanson. Elle raconte la vie d’un artichaut qui donne toutes ses feuilles et qui se retrouve mis à nu, prêt à mourir… puis un autre artichaut arrive, partage ses feuilles avec lui et il vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. C’est une histoire rigolote ! Quand j’ai écrit cette chanson, je me suis dit que ça représentait parfaitement ce disque, c’est la chanson éponyme de l’album. Après est-ce que ça me représente vraiment ? Oui et non…

Tu te mets à nu lorsque tu écris ?

Oui. Oui, oui, oui…

Dans ton processus de création, tu commences par les textes ou la musique ? Ou bien cela dépend des morceaux ou de ton feeling du moment ?

Souvent quand j’écris, c’est parce que j’ai un chagrin, pas forcément d’amour, mais je me sens un peu triste, parfois même au fond du gouffre et j’ai besoin d’extérioriser une souffrance. Alors je prends ma guitare et je commence à composer quelques accords. Après je chantonne, je trouve une mélodie et c’est là que viennent les paroles. Mais j’ai toujours une idée du thème de la chanson, sans forcément avoir les mots exacts.

Ton premier single était accompagné, dès sa sortie, d’un premier clip. C’est important pour toi de mettre des images sur tes chansons ?

Oui. Je pense que ça aide le public à comprendre un peu plus les paroles. Je reste attachée à l’anglais parce que toutes les influences que j’ai sont anglo-saxonnes. C’est aussi pour ça que je suis partie, pour comprendre les paroles de mes artistes préférés et être capable d’écrire dans cette langue qui pour moi est la langue de la musique. J’ai très peu de culture de la chanson française. Mais ça peut être imagé aussi, comme dans le clip de Do You Ever : on n’est pas censé comprendre tout de suite ce qu’il se passe. Je pars à la recherche de quelque chose, je me promène dans les rues, il fait jour mais je ne vois plus clair. C’est un peu ce que je vis par moments.

Sur les deux clips réalisés, tu avais une idée précise de ce que tu voulais ?

Comme je n’ai pas beaucoup de moyens, il faut toujours trouver une idée qui va être réalisable parce que c’est difficile de faire un clip scénarisé, avec plein d’acteurs… Ça prend du temps, coûte cher. Donc il faut trouver une idée facile et qui ait du cachet. Pour le 1er clip, j’ai travaillé avec Alexandre Lemaire. L’idée était de reprendre mon expérience avec la petite fille quand j’étais jeune fille au pair. Pour le 2e, ce sont deux amis qui l’ont réalisé : Laurie Desmaroux et Romain Guerlach. Pour moi, ce clip se passait dans la nuit, parce qu’il raconte une période très sombre de ma vie – qui n’est d’ailleurs peut-être même pas terminée – sur des questionnements, sur mes choix… On peut choisir de positiver ou d’être négatif. C’est pour ça aussi qu’il y a une dualité : le personnage qui cherche dans la rue et celui qui chante, comme une petite voix, un peu négative.

C’est ton inconscient qui parle… C’est aussi cette dualité dans ta personnalité ?

(sourires) C’est un peu ça, oui…

Donc il y a beaucoup de toi. En écoutant tes chansons, on en apprend un peu plus sur Athénaïs ?

C’est ça ! (dit-elle, presque gênée)

Est-ce que justement cela te permet de mieux te connaître ?

Alors, oui. Bien que certaines chansons ne parlent pas vraiment de moi. Comme Love Me More or Less que je vais chanter aujourd’hui pour Grizette : c’était d’ailleurs ma première chanson. Je l’ai écrite sans vraiment m’identifier aux paroles. Et ça m’est arrivé plusieurs fois par la suite : réaliser, en chantant, que ça raconte des histoires que j’ai vécues. J’écris parfois des paroles qui ne sont pas directement liées à ce que je vis, mais qui m’aident à mieux comprendre certaines choses. Ça m’aide aussi beaucoup à extérioriser. Après l’écriture, j’ai l’impression de m’être débarrassée d’un fardeau. C’est une thérapie !

Il y a beaucoup de mélancolie, de poésie dans ta musique. Tu as un goût particulier pour les poèmes ?

En fait, j’ai toujours eu beaucoup de mal avec la poésie ! Je me souviens avoir étudié au lycée Les Planches Courbes de Yves Bonnefoy… Je crois que cette année-là, ça m’a dégoûtée de la poésie contemporaine, un peu étrange, en prose. Par contre, je considère tous les auteurs-compositeurs comme des poètes. J’aime beaucoup les textes de Fiona Apple par exemple. Mais je ne pense pas avoir le niveau d’anglais pour écrire ce genre de paroles, parce qu’elles sont très poétiques. L’écriture est vraiment un travail de longue haleine…

Mais pour l’instant, tu n’es qu’au début de ta carrière ! Tu as encore plein de choses à mûrir… Justement, si on devait faire un plongeon dans dix ou quinze ans, comment te vois-tu ?

Eh bien j’espère parvenir à donner une voix à d’autres personnes qui n’en ont pas, plutôt que d’être focalisée sur moi. Profiter de l’espace de la scène, des vidéos, pour faire passer des messages plus importants. C’est vrai que l’amour est un thème universel, tout le monde se reconnaît dedans. J’ai la chance de pouvoir chanter des choses, avoir un public, je pourrais l’utiliser, un peu plus “utilement”.

Quels seraient alors tes thèmes de prédilection ? Qu’as-tu envie de défendre ?

J’aimerais bien – mais je ne sais pas si j’y arriverai – pouvoir écrire un disque avec une collection de chansons qui racontent la vie de femmes du monde entier qui vivent des choses dont on a aucune idée. Qu’on lit dans les journaux, mais sans vraiment comprendre. J’ai vu plusieurs documentaires sur des femmes qui m’ont inspirée et j’essaie de me mettre dans leur peau, comprendre ce qu’elles ont vécu. Comme cette jeune femme de Corée du Nord qui s’est échappée, son histoire m’a bouleversée. Je suis encore à la recherche, et ça me paraît très lointain car l’album n’est pas encore sorti…

Parle-nous de l’album à venir en 2017.

Les morceaux sont déjà écrits et enregistrés, mais on n’a pas fini de mixer. L’EP est une manière de présenter le projet. On essaie d’intéresser des tourneurs, des programmateurs. On n’a pas encore prévu de date de sortie.

Tu vis de ta musique actuellement ?

Non. Je donne des cours d’anglais et de français et de temps en temps, je prends des CDD. Dernièrement, j’ai travaillé dans un centre d’appel, c’était terrible. Mais ça me permet de prendre plus d’aisance pour les coups de téléphone que je dois faire pour le booking de mes dates, parce que c’est pas facile de devoir se vendre !

Quelle serait pour toi la consécration ultime ?

Ah la la, bonne question !
(après quelques hésitations) Jouer à Glastonbury, le plus grand festival d’Angleterre, mais pas dans la petite tente, cachée au fin fond… Non, sur la grande scène ! Mais bon, je ne suis pas capable… mais ce serait pas mal…

Alors Athénaïs, rendez-vous là-bas !

Pour découvrir l’univers d’Athénaïs

Site officiel
Page Facebook
Écouter Athénaïs sur Soundcloud

Prochaines dates

27/09/2016 à Montpellier – Salle Pétrarque -> Suivez l’événement FB
30/09/2016 à Paris – La Halle aux Oliviers de La Bellevilloise

Athénaïs – Ciao Ciao

Merci à Élise et Anaïs de nous avoir accueillis dans leur boutique La Bise.

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