vendredi 19 avril 2024
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Myriam Joly – Missegle, Atelier Joly

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Myriam Joly nous raconte comment elle a créé Missegle, une entreprise florissante née de la volonté de sa fondatrice de valoriser les savoir-faire locaux. Chez Missegle on affirme produire des chaussettes « Ultra solides » et peut-être même les plus solides du Monde !

Pouvez-vous nous présenter votre activité ?

Missegle c’est l’atelier des fibres naturelles, un endroit où on tricote des fibres naturelles pour faire des produits vendus à 70% en direct. Des produits tels que des chaussettes, des pulls, des écharpes, des couvertures, des bonnets, toutes sortes de choses. Et même des masques, éventuellement ! Tout ça dans des matières naturelles, au départ du Mohair, car c’est ça l’histoire. Et puis de très belles laines, des belles matières comme de la soie et du yack, que nous allons sourcer directement auprès des éleveurs en Mongolie.

Comment est née cette aventure ?

En 1983, je me suis installée avec un troupeau de chèvres angora à la ferme de Missegle, pour produire du Mohair et le vendre en direct. Donc à l’époque, j’étais jeune ingénieure agricole, je sortais de l’école et j’avais envie d’avoir une production non-alimentaire en vente directe. Je suis passionnée par le fait de produire et de vendre, par ce lien du producteur au consommateur. Tout ça a évolué au fil du temps, j’ai d’abord monté une coopérative qui a regroupé le Mohair des éleveurs en France. Ce qui a permis à d’autres éleveurs de transformer leur production également. En faisant le lien entre l’industrie et les éleveurs pour leur permettre de récupérer des produits finis qu’ils vendaient dans leur ferme. Ce que moi, je faisais également sur ma propre ferme. Et aujourd’hui nous sommes trente-cinq, bientôt quarante, avec sept ou huit agrandissements et des plans d’investissement très importants.

Quelle est votre motivation ?

Un de mes moteurs, c’est de prouver qu’on peut vivre dans nos régions de campagne en produisant des choses qu’on a délaissées aux pays en voie de développement, parce qu’on pense que c’est du travail à la chaîne. Effectivement, il y a toute une partie routinière dans ces boulots manuels, auxquels il faudrait redonner de la noblesse en expliquant aux gens qui font ça, qu’ils ne sont pas un petit maillon sans importance, mais qu’ils participent à donner du confort à un client. À mon avis, il faut retrouver le sens des choses qu’on fait, et les refaire dans un esprit d’intelligence collective et solidaire. Je pense vraiment qu’on a un travail énorme à faire là-dessus si on veut retrouver de l’harmonie dans notre vie collective et sociétale.

Vous avez aussi fait des masques ?

C’est intéressant de parler de cette opération de masques, rien que parce que ça montre la manière dont un petit atelier peut développer une agilité, ou cultiver son agilité. Et pour moi, ça a été une chance énorme. Je dis tout le temps qu’on a eu la chance d’être au bon endroit au bon moment et avec le bon savoir-faire. C’était énorme parce qu’effectivement toute la région, tous les voisins sont venus chercher des masques car ils en avaient besoin pour continuer leur entreprise.

La force d’un chef d’entreprise, c’est d’ouvrir ses antennes. Et c’est vraiment ça, il faut suivre ses intuitions.

Myriam Joly
Des conseils pour celles qui voudraient se lancer ?

En premier, faites-vous plaisir ! Il faut partir dans ce qu’on aime et beaucoup écouter. Je pense que la force d’un chef d’entreprise, c’est d’ouvrir ses antennes. Et c’est vraiment ça, il faut suivre ses intuitions. L’intuition, c’est comme le muscle du biceps, c’est quelque chose qui se développe, qui se travaille. Et pour ce faire, il faut absolument tenter des choses et surveiller, être réactif, il faut en permanence avoir cette agilité intellectuelle de saisir des choses. On me dit souvent : « Tu es un vrai buvard ! ». Et c’est vrai. Tout ce qu’on me dit, je l’écoute et je l’analyse, avant de me faire une opinion. Mais je n’ai jamais d’a priori sur quelqu’un qui va me donner un conseil, quel qu’il soit. Je l’écoute et je l’analyse. C’est ça qui m’a aidée je pense, c’est justement de me faire aider.

Photo de couverture Myriam Joly copyright Grizette.

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